Nous sommes à Taounate, province nichée dans les replis montagneux du Maroc, où l’Oued Inaouen se fraye un chemin jusqu’au barrage Idriss 1er. Mis en eau en 1973, ce colosse de béton s’élève à 72 mètres de hauteur et s’étend sur une crête de 448 mètres.
À l’ombre de cet ouvrage géant, les habitants de la région voient en lui un indispensable gardien. Malgré son âge canonique, ce barrage n’est pas seulement une prouesse d’ingénierie: il est aussi et surtout le cœur battant de la communauté, un rempart contre les caprices de la nature et un généreux pourvoyeur de ressources vitales. Avec une capacité de stockage de 1,13 milliard de mètres cubes (m3), cette infrastructure hydrique irrigue les terres agricoles de la région et fournit de l’eau potable aux villes de Fès et Meknès.
Le rôle du barrage Idriss 1er ne se limite pas à ses fonctions de rétention d’eau et de protection contre les inondations. Il est également un acteur clé dans l’économie régionale grâce à son usine hydroélectrique qui, avec une puissance installée de 40 mégawatts (MW), produit en moyenne 66 gigawatts/heure d’électricité par an, via sa turbine mue par les lâchers d’eau destinés à l’irrigation.
«Ce barrage, deuxième en taille à Sebou, après celui d’Al Wahda, a la capacité d’emmagasiner jusqu’à 1,13 milliard de m3 d’eau, provenant d’un bassin versant de 3.300 kilomètres carrés», explique Nordine Serghini, responsable de la communication de l’Agence du bassin hydraulique du Sebou (ABHS).
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Notre interlocuteur note par ailleurs que, depuis le début du mois de mars, le bassin hydraulique du Sebou a enregistré une moyenne de précipitations de 182 mm, ce qui a permis une augmentation notable des ressources en eau de ses barrages. «Avant ces pluies, le barrage Idriss 1er affichait un taux de remplissage de 18,7%, soit 211 millions m3. Les récentes précipitations ont apporté un supplément de 85 millions m3», précise-t-il. De quoi porter, à la date du 19 avril, son taux de remplissage à 26,61%, soit un volume d’environ 300 millions m3.
Toutefois, malgré ces gains, la région reste en situation de stress hydrique. Le volume actuel suffit à couvrir seulement deux années de besoins en eau dans la région, sur une capacité totale beaucoup plus importante, reflétant une situation qui reste tendue. Ainsi, «la nécessité de rationaliser l’utilisation des ressources hydriques demeure primordiale pour garantir une gestion durable et équilibrée», préconise Nordine Serghini.