À seulement 1,5 kilomètre du siège de la préfecture de Moulay Rachid, sur un terrain autrefois destiné à des villas de luxe, le projet immobilier Diar Sidi Othmane est fin prêt. Dans quelques jours, les premiers bénéficiaires, issus notamment du quartier précaire de Douar Bouih, s’apprêtent à recevoir les clés de leurs appartements, indique le quotidien Assabah dans son édition du week-end du 30 et 31 août.
Sur place, des immeubles peints en blanc s’élèvent sur un site nivelé et agrémenté de jardins et d’arbres. Conçu initialement comme un lotissement haut de gamme, le projet a été réorienté par les autorités vers un programme de logements sociaux à 250.000 dirhams l’unité, tout en prévoyant à terme une zone de logements «moyen standing». L’objectif est de favoriser la mixité urbaine et sociale.
Depuis plusieurs semaines, les familles bénéficiaires affluent pour visiter les appartements témoins, aux surfaces comprises entre 53 et 58 m². Beaucoup ont déjà entamé les démarches pour la remise des clés, après avoir versé un acompte de 100.000 dirhams conformément aux résultats du tirage au sort.
Parallèlement, les guichets uniques poursuivent la réception des dossiers, l’accompagnement administratif et les négociations financières. Certains ménages, en difficulté, ont demandé à être dispensés du versement initial ou qu’il soit intégré au crédit bancaire proposé à taux préférentiel, lit-on.
L’opération, supervisée par le gouverneur de l’arrondissement Aïn Sebaâ–Hay Mohammadi, n’a pas été exempte de tensions. Des rumeurs ont circulé sur un changement de site, du boulevard Abderrahmane Sahraoui (Moulay Rachid) vers Sidi Othmane, provoquant des protestations parmi les habitants.
«La confusion a entretenu des incompréhensions. Certains croyaient que les premiers appartements avaient été vendus à d’autres, ou que des informations avaient été volontairement cachées», explique Mustapha Rkibi, conseiller communal et ancien résident de Douar Bouih. Après plusieurs visites sur place, il dit aujourd’hui constater «la qualité de la construction, la proximité de services publics et la cohérence urbaine du projet».
Malgré l’avancement des travaux, les habitants restent divisés. Une première catégorie se dit soulagée de quitter les bidonvilles et les loyers exorbitants, voyant dans «Diar Sidi Othmane» une opportunité d’accès à la propriété. Une seconde, hésitante, attend encore d’évaluer les conditions de relogement. Enfin, une troisième rejette purement et simplement le projet, estimant que le site reste éloigné du cœur urbain.
Pour Saïd Takiouine, membre de la coordination locale pour le droit au logement, «les relogements ont commencé, mais il reste des insuffisances à corriger».
Alors que la remise des clés s’annonce imminente, le projet «Diar Sidi Othmane» illustre à la fois les avancées et les défis des programmes de relogement à Casablanca: améliorer les conditions de vie des habitants des quartiers précaires, tout en surmontant les résistances liées au changement, aux contraintes financières et à la confiance.








