Avec l’arrivée de la saison de pressage des olives, la margine constitue une menace majeure pour la qualité des eaux et l’environnement dans la région de Fès-Meknès, qui représente une part significative de la production nationale d’huile d’olive.
Depuis plusieurs années, les unités de pressage ont provoqué de graves déséquilibres dans les stations de traitement des eaux usées, devenant ainsi l’une des principales causes de dégradation écologique dans cette région. Ce problème figure parmi les préoccupations majeures des autorités locales et des acteurs concernés.
Afin de contrer les effets nocifs des rejets issus du pressage des olives, notamment sur l’environnement, le ministère de l’Intérieur, en coordination avec l’Agence autonome de distribution d’eau et d’électricité de Fès, a lancé en 2023 une série d’opérations.
Ces interventions visent à collecter la margine, une substance nuisible qui détruit le couvert végétal et dégrade la qualité des eaux, afin de protéger le bassin hydraulique du Sebou contre la pollution, particulièrement après la mise en service de l’autoroute hydraulique reliant les bassins du Sebou et de l’Oum Er-Rbia.
Abdellah El Kebbab, ingénieur en charge des stations industrielles, a salué ces efforts dans une déclaration au média Le360. Il a souligné l’importance du projet d’urgence visant à lutter contre la pollution des bassins hydrauliques due aux déchets des huileries, avec un investissement total de 548 millions de dirhams. Ce projet comprend sept stations réparties dans les préfectures de Fès, Sefrou, Moulay Yacoub et Taounate, équipées de 28 bassins d’évaporation couvrant une superficie de 100 hectares. La margine y est directement transportée depuis les huileries par des camions-citernes.
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Selon l’ingénieur, la production annuelle de margine atteint environ 150.000 mètres cubes, ce qui représente 80% de la pollution totale du bassin du Sebou pendant la saison des olives. Ce niveau de pollution obligeait autrefois les stations de production d’eau potable et de traitement des eaux usées à Fès à suspendre leurs activités durant plus de trois mois chaque année.
Les rapports environnementaux révèlent qu’un seul litre de margine peut contaminer jusqu’à 1.000 litres d’eau, tandis qu’un mètre cube de margine peut rendre 360.000 mètres cubes d’eau impropres à la consommation. Ce phénomène s’explique par la forte teneur de la margine en substances chimiques, notamment le phénol, l’un des composants principaux et les plus toxiques des déchets issus du pressage des olives. Ces substances, transportées par les eaux de ruissellement ou les précipitations, exacerbent la pollution, détruisent les terres agricoles et affectent gravement les nappes phréatiques.
Grâce à l’implication active des propriétaires d’huileries, la margine est désormais acheminée vers des bassins de traitement et de séchage, évitant ainsi son déversement anarchique dans les cours d’eau. Ces initiatives visent à protéger les ressources environnementales dans un contexte de stress hydrique, tout en valorisant le secteur de la production d’huile d’olive, considéré comme un pilier du développement durable.
Au sein d'une station de collecte de margine à Sefrou. (Y.Jaoual/Le360). Le360