C’est tellement facile d’insulter le Maroc… Il suffit d’être aveugle ou de mauvaise foi - ou les deux.
Pour traiter de notre pays dans une certaine presse d’Europe, qui se prétend de gauche, il faut passer un examen médical pour prouver qu’on est atteint de cécité; puis un test psychologique qui atteste qu’on a un quotient de mauvaise foi d’au moins 90%; puis une épreuve écrite établissant qu’on ne sait pas écrire.
Une fois ces épreuves franchies avec succès, on a le droit de pondre des papiers sur le Maroc - mais attention! le rédacteur en chef veille au grain: outre qu’on ne voit rien et qu’on raconte n’importe quoi, il faut encore qu’on adopte une tonalité générale qui soit méprisante et hautaine: «Ne retiens pas tes coups, coco, c’est des pèquenauds en face, ils se déplacent à dos de chameau et s’éclairent à la lampe à huile.»
Il y a bientôt deux ans, j’avais mouché une oie blanche du Monde qui s’était permis de s’essuyer les pieds sur nous et notre pays après le terrible tremblement de terre du Haouz. Alors que je voyais autour de moi, à Benguerir, surgir un immense élan de solidarité de la part des autorités et de la population locale, la donzelle avait froidement écrit, vingt-quatre heures après la catastrophe, que les populations sinistrées étaient livrées à leur triste sort. Libération avait fait pire: détournant un instantané d’une vidéo dans laquelle une femme exprimait ses remerciements aux autorités qui lui avaient porté secours, le quotidien fondé en 1973 avec la bénédiction de Sartre (le philosophe de la mauvaise foi, ô ironie!) avait commis une ignominie en faisant dire à cette femme «Aidez-nous, nous mourons en silence!» - soit l’exact contraire de ce qu’elle disait. Tous les coups, même les plus bas, sont permis quand il s’agit de diffamer le Maroc.
L’Histoire se répète. Il y a quelques jours, le quotidien en ligne Mediapart nous a fait l’honneur douteux de nous consacrer un article à l’occasion de la Fête du Trône. Tâtonnant autour de son clavier avec sa canne blanche et agité de tremblements consécutifs à une violente attaque de mala fides (c’est le nom médical de la mauvaise foi), le plumitif a résumé les réalisations marocaines du premier quart de siècle du millénaire en exactement deux ‘topics’: la manifestation des Aït Bouguemez et une histoire abracadabrante d‘espions à laquelle je n’ai rien compris. Et c’est tout.
Tanger-Med? Jorf Lasfar? Les infrastructures? Les autoroutes? Les universités d’excellence? La numérisation de l’administration? L’électrification du pays? Les exportations industrielles (automobile et aviation)? La couverture sociale généralisée initiée en 2021? Le port stratégique de Dakhla qui va servir une demi-douzaine de pays africains? Les succès sportifs? L’ambitieux plan énergétique - éolien et solaire? La réussite éclatante des étudiants marocains aux concours d’admission aux grandes écoles françaises? Les réformes du Code de la famille vers plus de droits pour les femmes? Le plan d’autonomie des provinces sahariennes de 2007? Les barrages? Les stations de désalinisation de l’eau? On pourrait continuer longtemps comme ça mais ce serait injuste envers notre journaliste bigleux, qui n’a rien vu - et ce n’est pas de sa faute: tant qu’on n’a pas traduit en braille tout ça, comment voulez-vous que le pauvre homme en prenne connaissance? En revanche, quelqu’un lui ayant soufflé à l’oreille ‘Aït Bouguemez’, il braille: «Aït Bouguemez! Aït Bouguemez!»
Entendons-nous: les habitants de la fameuse ‘vallée heureuse’ de l’Atlas ont parfaitement raison de manifester - c’est d’ailleurs un droit garanti par la Constitution - pour obtenir de meilleures conditions de vie. Je les soutiens à 100%. Mais, à la différence de l’amblyope de Mediapart, j’y suis allé, moi, dans cette vallée heureuse, il y a quelques années, avec des enseignants de Béni-Mellal, des étudiants et une invitée française, le professeur Mimoso-Rey. Le pisse-copie de Mediapart prétend qu’il n’y a pas de route là-bas. Alors par où est passé notre minibus? Il dit qu’on n’y trouve pas d’école. Nous en avons visité trois! (J’ai les photos.) La vallée est coupée du monde, couine-t-il. Nous étions constamment en contact avec nos amis et nos familles! Bref, c’est plutôt d’une vallée imaginaire que s’est servi le non-voyant pour sa propagande.
Quant à l’ahurissante histoire d’espions qu’il nous a servie, je l’ai relue trois fois sans y entendre goutte. Et pourtant j’ai quelques lettres et une ou deux peaux d’âne. J’adore les histoires de barbouzes quand c’est John Le Carré qui nous les sert: tout s’éclaire dans les dernières pages et on referme le livre avec un soupir de satisfaction. Mais là, c’est la bouteille à l’encre… Enfin, soyons charitables: comment voulez-vous que tout s’éclaire quand Le (petit) Carré de Mediapart chausse des bésicles noires - comme ses intentions?
Ah là, là, ma pauv’ dame… On n’est pas aidés. Mais tant pis. Avançons sans nous préoccuper des jappements des uns et des autres - ou plutôt des Unes falsifiées et des zootropes menteurs.





