Dans une alliance audacieuse entre héritage ancestral et modernité, des maîtres artisans marocains ont introduit une innovation singulière: le zellige traditionnel orné de touches dorées. Ce mariage entre authenticité et raffinement vise à séduire une clientèle en quête de luxe et de distinction, tout en inscrivant cet art pluriséculaire dans une dynamique contemporaine.
Le zellige marocain, dont les compositions ornementales ornent depuis des siècles mosquées, palais, riads et monuments historiques, a toujours incarné une identité artistique forte. L’introduction de l’or, appliqué en fines incrustations ou en pulvérisation sur certaines pièces, vient aujourd’hui enrichir ce patrimoine d’une dimension nouvelle, mêlant noblesse des matériaux et virtuosité artisanale.
«Le zellige n’est pas figé dans des modèles immuables. Depuis des générations, il se réinvente sans cesse pour répondre aux goûts des clients et assurer sa pérennité», explique Abdel Fattah Chelleh, maître zelligeur de Fès, fort de plus de 45 ans d’expérience. Selon lui, chaque pièce porte un nom spécifique (M’khbel el Oqoul, El Khamsini, El Stachri, El Achrini, ou encore El Msaddas). Autant de déclinaisons qui témoignent de la richesse créative de cet art.
Le dernier né de cette tradition est le zellige doré, qui connaît un succès grandissant, au Maroc comme à l’international, notamment au Moyen-Orient. Avec un prix oscillant entre 12.000 et 13.000 dirhams le mètre carré, en fonction de la quantité d’or appliquée, ce produit illustre l’attractivité d’un savoir-faire capable de conjuguer prestige et authenticité.
Lire aussi : Splendeurs du zellige fassi: à la rencontre de deux artisans, gardiens d’un art séculaire
L’initiative séduit également en Europe et aux États-Unis, où les amateurs de décoration recherchent des pièces uniques à forte valeur symbolique. «L’engouement autour de ce zellige doré reflète une reconnaissance de la difficulté de son exécution et de sa valeur patrimoniale», souligne Chelleh, qui insiste sur le rôle central de Fès comme capitale du zellige et vitrine du patrimoine marocain.
Des artisans marocains réinventent le zellige en y intégrant des touches dorées. (Y.Jaoual/Le360). le360
Pour Hamid Chahbi, artisan de la médina de Fès, ce processus créatif représente une véritable évolution technique. «Le travail passe par plusieurs étapes minutieuses: la taille du zellige brut, son envoi dans des ateliers spécialisés pour la dorure, puis l’assemblage des pièces dans un décor harmonieux. Chaque commande peut prendre jusqu’à un mois, selon l’ampleur du projet», explique-t-il.
Loin d’être une simple coquetterie décorative, cette innovation se veut un message artistique. Elle témoigne de la capacité du maître artisan marocain à allier fidélité à la tradition et ouverture vers l’innovation. Elle illustre aussi une volonté de donner un nouvel élan à l’artisanat, en lui ouvrant des perspectives sur les marchés internationaux friands de créations authentiques.















