Le footballeur Tahar Raad est décédé le 1er septembre dernier suite à une crise cardiaque survenue dans un hammam à Casablanca. Ce n’est pas la première fois qu’on entend parler d’un mort dans un bain maure.
Nombre de récits rapportent plusieurs cas de décès survenus dans -ou à cause du- hammam. Comme le frère de cette jeune femme habitant dans un village à quelques encablures de la ville de Marrakech. «Mon frère est parti au hammam. Il ne souffrait d’aucune maladie. Il était même en bonne santé. Lorsqu’il a quitté le bain maure, il s’est dirigé vers l’épicier du coin. Il avait soif et il a commandé sa boisson gazeuse préférée en insistant qu’elle soit bien glacée. Il boit et il s’écroule par terre, sans vie», raconte Fatema, les larmes aux yeux.
Cette femme regrette aujourd’hui l’insouciance de son frère. Dix ans plus tard, elle s’interroge comment son frangin n’a pas eu la présence d’esprit d’éviter ce comportement fatal. «Il n’aurait jamais dû boire cette boisson glacée en sortant du hammam où la température est généralement très élevée. Le choc thermique était fatal».
Cette inconscience était, selon Fatema, moins présente dans la population du Maroc ancien. «Nos ancêtres buvaient du thé. Toujours du chaud, jamais du froid», explique-t-elle à Le360.
«Si les frigos et les boissons gazeuses étaient méconnus de nos ancêtres, puisque tout simplement inexistants à l'époque, cela n’empêche que la sagesse populaire pouvait les protéger de l’irréparable», nous confie Fatema. Et d’ajouter : «aujourd’hui, cette sagesse se perd. Nous sommes dans une société où les citoyens sont censés être plus instruits, mais en réalité ils sont ignorants».
Si le hammam a certaines vertus, il est en revanche déconseillé à toutes les personnes fragiles. «Les diabétiques, les cardiaques, les personnes âgées... toutes ces catégories de personnes sont appelées à être vigilantes. Si elles tiennent à prendre un bon bain au hammam, il vaut mieux qu’elles évitent les deuxième et troisième salles, là où les températures sont très élevées», souligne le docteur Rachid Choukri, président du Syndicat national des médecins généralistes, à Le360.
Un avis partagé par Jacky Desprat, un médecin généraliste qui a confié au magazine français «futurasciences»: «La chaleur dilate les vaisseaux sanguins, la pratique du hammam est déconseillée aux cardiaques». «Un phénomène de décompensation de la maladie peut survenir sous l'effet de la chaleur», explique-t-il. Ce qui expose ces malades à un risque accru de malaise ou d'accident potentiellement grave.
Partant de cet état de fait, les médecins déconseillent souvent à leurs patients souffrant de difficultés cardiaques d’aller au bain maure. Un conseil qui, malheureusement, tombe souvent dans des oreilles sourds.
«Certaines personnes sont persuadées que le hammam n'a que des vertus. C’est culturel», rappelle Rachid Choukri. Elles ignorent la face dangereuse de cet espace, qui occupe une place à part dans l’imaginaire des Marocains, comme ce fut le cas du décès de Tahar Raad.