L’Ordre national des médecins dentistes tire la sonnette d’alarme. «Face à la prolifération inquiétante de praticiens illégaux, la profession dénonce une situation de chaos qui met en danger la santé et la vie des patients, mine la qualité des soins et laisse les victimes sans recours ni couverture d’assurance en cas d’accidents ou de complications», indique le quotidien Assabah dans son édition du vendredi 18 juillet.
Réunis mardi dernier à Casablanca, le président de l’Ordre et plusieurs professionnels du secteur ont dressé, lors d’une conférence de presse, un constat alarmant. Des individus sans la moindre formation académique ni qualifications cliniques profitent du laxisme des contrôles et de l’absence de sanctions pour ouvrir des cabinets clandestins, à l’abri de toute norme légale et sanitaire. À l’arrivée, une profession fragilisée et une réputation nationale ternie.
«La pratique illégale de la dentisterie engendre des conséquences sanitaires et sociales dramatiques», a averti le président de l’Ordre, Mohamed Sdira, pointant du doigt les pseudo-formations techniques ou artisanales qui pullulent sans aucune autorisation, ignorant la complexité anatomique de la bouche et des dents, et négligeant les connaissances médicales indispensables. Selon lui, la tolérance face à ces dérives contredit ouvertement la politique de l’État visant à éradiquer l’informel dans plusieurs secteurs.
La conférence a rassemblé chirurgiens-dentistes, professeurs universitaires, étudiants en médecine dentaire, syndicats, fédérations et associations de la société civile œuvrant auprès des populations vulnérables. Tous ont dénoncé à l’unisson ces pratiques clandestines, rappelant qu’exercer la dentisterie requiert des compétences techniques élevées, une solide formation clinique et de lourds investissements en équipements pour garantir la sécurité des patients.
Les participants ont présenté des témoignages glaçants: décès liés à l’utilisation anarchique de produits anesthésiants, infections graves, handicaps irréversibles causés par des prothèses mal posées ou des matériaux contrefaits et périmés, le tout dans des lieux dépourvus du minimum de règles d’hygiène. Autant de drames qui ternissent l’image du Maroc en tant que destination crédible pour le tourisme médical sur le plan régional et continental.
Face à ce fléau, l’Ordre national des médecins dentistes appelle toutes les parties prenantes (pouvoirs publics, parlementaires, autorités sanitaires) à assumer leurs responsabilités juridiques et éthiques. L’instance plaide pour une mobilisation générale afin de restaurer la crédibilité de la profession. Ceci, par l’adoption urgente par la Chambre des conseillers du projet de loi 25.14 encadrant les fabricants de prothèses dentaires, le renforcement du dispositif de contrôle et l’application stricte des sanctions pour assainir le secteur et protéger les citoyens.








