Gravement pollué, l'oued Oum-Er-Rbia charrie sur son cours de nombreux déchets et dégage de plus une puanteur pestilentielle que dénoncent avec virulence ceux qui vivent non loin de là. La dégradation écologique de ce fleuve indigne et inquiète plus qu’un.
Pour enquêter sur les contours de ce drame écologique, une mission exploratoire a été mise en place par la Commission des infrastructures, de l'énergie, des mines et de l'environnement, relevant de la Chambre des représentants. Elle vient d’ailleurs de présenter, ce mardi 17 janvier 2023, les conclusions de son rapport lors d’une séance plénière, en présence de Nizar Baraka, ministre de l'Equipement et de l’Eau.
Selon le rapport de cette mission, des études menées avant 2002 avaient déjà prédit le blocage de l'estuaire d'Oum-Er-Rbia, d’où la signature d’un contrat de dragage et d’extraction de sable avec une entreprise spécialisée. Toutefois, cela n’a pas pu éviter ce drame.
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La mission fait par ailleurs observer que l'entreprise exploite le sable, en échange du processus de dragage, et ne l'utilise pas pour fortifier la plage de Haouzia, laquelle fait l'objet d’érosion. Elle ajoute que le blocage de l’estuaire a donné lieu à l’échouage d’un grand nombre de poissons sur les rives de l’oued et que le fleuve est devenu une source d’odeurs nauséabondes.
Facteurs multiplesD’autres facteurs de la détérioration de la situation d'Oum-Er-Rbia sont aussi pointés du doigt par cette mission parlementaire. Il s’agit de l’édification des barrages Al Massira et Sidi Daoui, lesquels ont impacté l’alimentation de l’oued en eau, ce qui a fait baisser son niveau.
Toujours selon cette mission, l’édification du port de Jorf Lasfar et le déplacement de certains rochers qui constituaient des remparts naturels empêchant le déplacement du sable vers l’embouchure ont aussi empiré la situation, sans oublier la mise en place de petits barrages artisanaux par des agriculteurs.
La mission parlementaire relève également que le sable est dragué et déposé en bord de mer au lieu d'être déposé dans des endroits éloignés, pour que les vagues ne le repoussent pas dans l'estuaire. Elle signale aussi le retard dans la mise en place d’une station d’épuration.
En effet, alors que les travaux de construction de ce projet devaient être retardés seulement de deux mois, le temps que le sable soit pelleté sur le chantier, ce délai a été dépassé.
Pour remédier à cette situation, la mission parlementaire propose des solutions structurelles, telles que la réhabilitation de l’oued, le déblocage de l’embouchure afin d’assurer l’écoulement normal de l’eau du fleuve vers la mer. Il est aussi question de mettre en place une station d’épuration et une station de traitement des déchets.
Il faudra aussi mettre en oeuvre une agence dédiée à l'oued Oum-Er-Rbia pour mener à bien les projets devant redonner vie à ce fleuve, particulièrement son embouchure qui, par le passé, était la source de toute une dynamique socio-économique pour les zones urbaines avoisinantes.
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Selon l’Agence du bassin hydraulique de l'Oum-Er-Rbia, ce fleuve s’étend sur une superficie de 35.000 km2. Il prend son origine au Moyen Atlas à 1.800 m d’altitude, traversant la chaîne du Moyen Atlas, la plaine du Tadla et la Meseta côtière, et se jette dans l’océan Atlantique à environ 16 km de la ville d'El Jadida.
Les cours d'eau du bassin sont constitués de l'oued Oum-Er-Rbia et de ses principaux affluents de la rive gauche, à savoir Tessaout, Lakhdar et Al Abid. Ses apports d'eau sont estimés à 3.680 mm3/an, variant entre un maximum de 8.300 mm3 et un minimum de 1.300 mm3.
Les apports de nombreuses sources associés à ceux de la fonte des neiges garantissent un étiage très soutenu pour l'Oum-Er-Rbia, faisant de lui le cours d'eau le plus régulier du Royaume.