C’est l’un des rares sujets sur lequel majorité, opposition et acteurs de la société civile s’accordent. Pourtant, il peine à se concrétiser, au point que, chaque année, à l’occasion de la célébration de «Id Yennayer», les appels se multiplient pour rendre effective l’officialisation de l’amazigh et le renforcement de son usage. A la différence des années précédentes, le nouvel an amazigh s’est, cette fois-ci, accompagné d’une véritable lueur d’espoir, illustrée par les promesses faites par le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch.
Dans son édition du lundi 16 janvier, Assabah rapporte que ce dernier a officiellement annoncé le lancement de son plan d’action pour concrétiser l’officialisation de l’Amazigh. C’était lors d’une cérémonie tenue à Khémisset, mardi dernier, en présence de plusieurs responsables du gouvernement, réunis autour du thème du lancement des projets de renforcement de l'utilisation de la langue amazighe dans les administrations publiques.
Comme expliqué lors de cet événement, la stratégie du gouvernement repose principalement sur 25 chantiers, couvrant à la fois l’administration et les services publics, l’enseignement, la justice, la culture ou encore la presse audiovisuelle.
Aziz Akhannouch a, d’après Assabah, également annoncé que des dispositions avaient déjà été prises. Ainsi, pour l'intégration de la langue amazighe, des agents dédiés ont été mis à la disposition des départements de la santé et de la protection sociale, de la justice, de la jeunesse, de la culture et de la communication. De plus en plus d’événements culturels sont aussi soutenus par les pouvoirs publics, ce qui permet de consolider le patrimoine culturel amazigh. A cela s’ajoute, selon le chef de l’Exécutif, l’introduction progressive de la langue amazigh dans les administrations et dans les communications à destination du public.
Concrètement donc, et en attendant de récolter les fruits du plan d’action gouvernemental, des étapes ont bien été franchies dans le cadre de l’officialisation de l’amazigh. Mais elles restent, pour l’heure, insuffisantes. La responsabilité en revient, selon un acteur de la société civile cité par Assabah, aux deux précédents gouvernements. D’ailleurs, il a appelé le gouvernement actuel à ne pas oublier la nécessité d’organiser un débat national sur les questions liées à ce vaste chantier. L’idée est d’en faire un tremplin pour concevoir et mettre en place les différentes stratégies qui s’imposent pour le renforcement de l’usage de cette langue.
Sur le plan des réalisations, la source du quotidien rappelle que cela fait plus de 20 ans qu’un dahir royal est venu acter la création et l’organisation d’un institut dédié à la culture amazighe (ndlr: L'Institut Royal de la Culture Amazighe), et que plus de 10 ans sont passés depuis l’adoption de la Constitution de 2011 qui officialise l’amazigh. La même source rappelle également que la loi officialisant l’amazigh date d’il y a cinq ans. Toutes ces étapes sont, d’après lui, historiques. Mais elles nécessitent d’être accompagnées d’une réelle mobilisation et d'une forte volonté pour accélérer la mise en œuvre des mesures qui permettront d’atteindre les objectifs fixés pour ce chantier.