Selon l’agence de presse officielle russe TASS, la Cour suprême de la République populaire de Donetsk a condamné à mort trois individus, accusés d’avoir “participé aux combats comme mercenaires”. Aux côtés de deux Britanniques, le Marocain Brahim Saadoun écope lui aussi de la peine capitale. Qui est-il? Comment s’est-il retrouvé en zone de conflit? Pourquoi est-il condamné pour “mercenariat”?
Dans sa livraison du 10 juin, le quotidien Assabah dresse le portrait de Brahim Saadoun et apporte de nouvelles révélations sur ce Marocain propulsé sur le devant de la scène suite à sa condamnation à la peine de mort ce 9 juin à Donetsk. Il s’agit d’un étudiant marocain, détenteur de la nationalité ukrainienne. Selon le journal, il fait partie de ces cerveaux ayant quitté le Royaume pour poursuivre leurs études et leur carrière à l’étranger.
L’étudiant est un produit de l’école publique. Après un cursus primaire à Agadir, il poursuit ses études à Casablanca, où son père, cadre de la Gendarmerie royale, est affecté en tant que directeur des enquêtes - un poste qu’il va occuper jusqu’à sa retraite. Baccalauréat en poche en 2018, l’étudiant décide alors de poursuivre ses études dans un premier temps en Russie, avant que les recherches ne le mènent de l’autre côté de la frontière.
En Ukraine, Brahim Saadoun est le seul musulman admis dans un programme d’études, coordonné par les pays occidentaux. Ce programme est réservé uniquement aux étudiants issus des pays participants, ce qui contraint l’étudiant marocain à obtenir la nationalité ukrainienne. Après des tests et un stage quasi-militaire de 14 mois, il rejoint dès lors une promotion triée sur le volet, pour des études d’aérodynamique et techniques de l’espace à Kiev.
Pour subvenir à ses besoins, Brahim Masoud pouvait compter sur une bourse mensuelle de 900 dollars (8894,25 dirhams) octroyée par la faculté, précise le quotidien Assabah. Un montant largement suffisant lorsqu'on sait que le SMIG en Ukraine ne dépasse pas 196 dollars (1936,97 dirhams). Mais comment cet étudiant prédestiné à un brillant avenir s’est retrouvé sur le banc des accusés ce 9 juin?
Alors que la guerre russo-ukrainienne bat son plein, la majorité des étudiants ont été transférés en Pologne et empêchés de rejoindre leur pays d'origine. En revanche, d’autres étudiants, maîtrisant l’anglais, ont été reconduits à Kiev pour servir en tant que traducteur de l’anglais vers l’ukrainien, alors que le pays reçoit des armes et des aides alimentaires occidentales.
Maîtrisant cinq langues, le Marocain Brahim Massoud faisait partie de ces étudiants rapatriés à Kiev. Fort de cette capacité linguistique, il a rejoint une équipe composée de camarades de promotion: deux Britanniques, un Français et un étudiant originaire d’un pays asiatique, précise le journal arabophone.
Confrontés aux affres de la guerre, les cinq étudiants se sont rendu compte du danger encouru. Ils ont donc décidé de se livrer aux autorités russes. Sauf qu'ils ont été interpellés par l’armée et poursuivis pour des crimes graves, notamment “le mercenariat” et finalement condamnés à la peine de mort.