La chaîne d'approvisionnement en eau a pour particularité d’impliquer une pluralité d’acteurs, tant le nombre d’intervenants concernés sont nombreux. Lors d’une conférence de presse, le mercredi 22 juin dernier, le membres du comité technique tripartite, conduit par ABHT, ONEE (Branche Eau) et la Radeema, sous l’égide du comité de vigilance du Wali, se sont réunis pour discuter de la situation actuelle des ressources hydriques. Dans un contexte marqué par la rareté des ressources en eau, ces trois acteurs se tiennent particulièrement sur le qui-vive. Le ton s'est voulu plutôt rassurant, même si les discours officiels ont invoqué plus qu’à l’accoutumée une intervention divine.
Devant l'augmentation de la pression sur les ressources hydriques dans le Grand Marrakech, l’ensemble des acteurs s’accordent en effet sur la nécessité d’adopter une approche collégiale dans la gestion de ce stress hydrique. Il faut remonter au milieu des années 80 pour se remémorer des scènes de robinets à sec à Marrakech. A cette époque, les vagues de sécheresse avaient porté un sacré coup à l’approvisionnement de la ville en eau potable. Toutefois, même devant la pression croissante sur les ressources hydriques dans le Grand Marrakech, un tel scénario relève, pour l’heure, du fantasme.
La région Marrakech-Safi traverse en ce moment un stress hydrique aigu, en raison du faible niveau des précipitations enregistrées au cours des trois dernières années. Selon l’Agence du Bassin Hydraulique du Tensift (ABHT), en 2022, le déficit pluvial est équivalent à la consommation annuelle de Marrakech. A cela, s'ajoute une pression accrue sur les eaux superficielles et souterraines, d'où un risque d’insécurité chronique de manque en ressources hydriques.
Mais la rareté des pluies n’explique pas à elle seule le caractère exceptionnel de la conjoncture que traverse la région. Et s’il n’y a pas de quoi raviver les rumeurs et folles spéculations sur un éventuel manque cruel de cette ressource vitale, cette récente mobilisation vient démontrer un changement de cap dans la gestion des ressources hydriques.
Dans la phase de la planification, l’Agence du Bassin Hydraulique du Tensift parle d’une gestion Day to Day: «depuis septembre 2021, on est sur de la gestion quotidienne», s'est exclamé Mohamed Chtioui, directeur de l’ABHT. Un suivi qui s’applique aussi bien à la gestion des retenues des barrages, à l'approvisionnement en cas de pénurie déclarée, voire à l’identification de vols d’eau, qui nécessite, en l'occurrence, l’intervention de la police de l’eau.
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Côté production, en raison du manque criant de précipitations enregistrées cette année, la branche eau de l’ONEE s'est retrouve acculée à devoir composer avec les ressources hydriques disponibles. Pour compenser la perte issue des barrages, la capacité de production de Marrakech (7600 litres/seconde), a été renforcée courant 2020 de 2000 litres/seconde issues du barrage Al Massira, acheminé via un canal long de 120 km.
Sollicité depuis quelques mois pour couvrir le gros des besoins en eau potable de la ville ocre, le barrage Al Massira, alimente déjà, rappelons-le, entre autres, Casa, Berrechid, Safi, Settat ou encore Azzemour. L'approvisionnement de Marrakech, dont la consommation annuelle s'établit à plus de 67 millions de m3, demeure lié à la disponibilité de l’eau dans cet immense ouvrage hydraulique, qui atteint cette année son plus bas niveau historique, avec un taux de remplissage qui vient de franchir à la baisse la barre des 6%. Mais à en croire le Directeur régional de l'ONEE (Branche Eau), Mohamed Naoubi, il s’agirait d’une solution provisoire, «en attendant, promet-il, la réalisation d’une station de dessalement à Safi, qui prendra le relais».
Pour ce qui est de la distribution, la guerre a été déclarée contre les fuites et les suintements d’eau. La Régie Autonome de Distribution d'Eau et d'Electricité de Marrakech (Radeema) assure, pour sa part, avoir anticipé depuis des années des périodes critiques comme celle que traverse, en l’état actuel de Marrakech. «Beaucoup de gens ignorent que l’ensemble des golfs sont irrigués par la STEP, qui dispose de 87 km de conduites opérationnelles, et qui permet de mobiliser 20 millions de m3», fait savoir Nadia El Hilali, directrice générale de la Radeema.
L’élaboration d’un plan d’action, conduit courant février par le comité technique sous l’égide du comité de vigilance de la préfecture de Marrakech, a posé de premiers jalons en faveur du renforcement de la bonne gouvernance dans le secteur de l’Eau. Ce plan d’action a d’ailleurs fait l’objet d’une circulaire du ministère de l’Intérieur, pour que d'autres régions du Royaume s’en inspirent. Si la responsabilité de la gestion du stress hydrique incombe à l’ensemble des parties prenantes, il revient à chacun d’y apporter sa contribution.