Le Maroc a beau lutté contre le mariage des mineures, cette pratique existe toujours. Une étude menée en 2021 par la présidence du ministère public dresse certains constats chocs.
Dans son édition du vendredi 9 juin, Assabah revient sur les principales conclusions de cette étude, menée à la suite d’une initiative lancée par la princesse Lalla Meryem, présidente de l’Union nationale des femmes du Maroc (UNFM).
On apprend ainsi que le mariage avec des mineures continue d’être prisé dans les milieux des enseignants, des fqihs et des imams. C’est ce qu’a souligné Hassan Ibrahimi, président de l’unité de suivi des affaires de la famille au sein du ministère public, lors d’une intervention au Salon international du livre et de l’édition. L’équipe en charge de cette étude a été surprise de constater que ces individus issus de l’«élite» continuent à défendre le mariage des mineures. C’est le cas par exemple dans le milieu de l’enseignement et dans le milieu religieux. Selon la même source, cela pourrait être dû à des compréhensions erronées des principes du mariage.
Comme le précise Assabah, 2.300 mariées quand elles étaient mineures ont été interrogées. Les résultats ont démontré que la raison principale de ce type de mariage est la déperdition scolaire. L’exclusion de certains services sociaux est également de nature à faire accepter de se marier alors qu’on est encore mineure. C’est pourquoi un appel a été lancé par le président du ministère public à l’ensemble des départements en charge de l’enseignement ou des services sociaux afin d’améliorer la couverture de certaines zones enclavées ou défavorisées par leurs initiatives. Cela permettra, par exemple, d’impulser une dynamique de développement dans ces zones, et d’éviter que des mineures soient contraintes de se marier à cause de leur situation sociale.
Le quotidien ajoute que le but stratégique de l’approche de coordination entre les différents départements ministériels est de mettre en place des plans d’action et des programmes permettant de lutter contre «l’acceptation culturelle» du mariage des mineures dans certaines catégories de la population. Il s’agit aussi de sensibiliser aux méfaits de ces mariages et à leurs conséquences sur la santé mentale et psychique des filles. Assabah cite ici en exemple une coordination menée avec le ministère des affaires islamiques qui a permis d’inclure les préposés religieux et les imams dans la sensibilisation contre le phénomène.
La même source ajoute que d’autres initiatives ont été entreprises par le ministère public, avec l’implication des femmes et hommes du secteur de l’enseignement dans la sensibilisation des filles à l’importance de la scolarisation, afin de lutter ainsi contre la déperdition scolaire.