«Lorsque nous jetons du pain, nous contribuons à la destruction de la nature, et à la détérioration du processus de fabrication de ce produit, qui passe par plusieurs étapes: il y a un agriculteur qui a investi de l’argent, il y a de la main d’œuvre qui y a contribué par son savoir-faire, il y a de l’eau qui est consommée, du carburant aussi pour assurer le transport et bien d’autres composantes. Tout cela représente de l’argent, et en gaspillant ce pain, nous gaspillons également cet argent», indique Ouadie Madih, président de la Fédération nationale des associations du consommateur (FNAC), interrogé par Le360. Un gaspillage d’argent, d’effort et d’énergie, dont il souligne que les pertes se traduisent par des pertes économiques, non seulement pour les consommateurs, mais également pour les autres parties prenantes de la chaîne de valeur alimentaire.
Au cœur de l'ensemble des repas, le pain reste en effet un des aliments les plus consommés quotidiennement, mais aussi le plus gaspillé. En 2020, selon la Fédération nationale de la boulangerie et la pâtisserie du Maroc (FNBPM), 30 millions d'unités de pain sont gaspillées au quotidien. Ainsi, sur une production de pain comprise entre 110 et 120 millions d'unités par jour, 25% sont considérés comme perdus et non-consommés.
Toutefois, entre 2020 et 2022, les habitudes de consommation des Marocains ont été repensées, et bon nombre d’entre eux se sont orientés vers une rationalisation de leur consommation de pain. Un fait que confirme par Lahoucine Azaz, président de la FNBPM, contacté par Le360, qui qualifie cette solution d’efficace et surtout, de durable.
«Grâce au Covid-19, les habitudes des Marocains quant à leur consommation journalière de pain ont été revues. D’après les dernières statistiques que nous avons, entre 20% et 25% des pertes sont récupérées grâce à ce phénomène de rationalisation», explique Ouadie Madih.
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De leur côté, «les boulangeries se sont dotées d’un programme afin de limiter leur production journalière à une quantité limitée, du fait de la cherté des matières premières et de la vie, surtout face à la flambée du prix du blé, dont la tonne a dépassé les 400 dollars. Par exemple, une perte de 100 baguettes aboutira à une perte approximative de 150 DH, et ce montant-là pourrait combler plusieurs autres charges. Même le prix du pain perdu est passé à 2 DH le kilo, alors qu’il n’était que de 50 centimes le kilo», ajoute-t-il.
Pour Ouadie Madih, «il faut faire dire au consommateur qu'en jetant du pain, il contribue à la destruction de ses droits économiques et touche également à sa trésorerie», notant qu’«un père de famille qui dépense 5 DH pour acheter son pain, et en gaspille 2 parce qu’il en a jeté quelques morceaux, perd environ 60 DH par mois, soit l’équivalent de 720 DH par an».
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Autre point évoqué par le président de la FNAC: l’utilisation du pain jeté, le plus souvent moisi, en tant qu'alimentation pour le bétail: «le pain gaspillé se transforme en pain moisi. Il est donc impropre. Toutefois, ce pain est acheminé en quantités importantes dans certaines régions du Maroc, et est utilisé comme aliment pour bétails. Or le lait produit par ce bétail et la viande de ce bétail, qui a ingéré ces pains moisis, pourraient contenir des substances cancérigènes. Le consommateur doit assumer sa part de responsabilité en rationalisant parce qu’à ce moment-là, c’est sa santé qui en pâtit», prévient-il.
De fait, pour faire face à ce fléau encore ignoré dans notre société, le président de la Fédération nationale de la boulangerie et la pâtisserie du Maroc, Lahoucine Azaz, propose de consacrer une journée de l’année à la rationalisation du pain: «puisque nous parlons d’écologie, d’eau, d’électricité, et d’environnement, il serait judicieux de dédier un jour de l’année à la consommation du pain, pour sensibiliser les citoyens autour de l’impact du gaspillage, et ceci sur tous les plans», suggère-t-il pour finir.