La conférence ne s’est pas limitée au débat sur le harcèlement universitaire, mais a offert une tribune au Collectif 490 pour partager leur expérience dans la mise en place de la cellule d’écoute et d’accompagnement des victimes, tous âges et profils confondus.
Aussi, Narjis Benazzou, médecin biologiste et membre du collectif, a rappelé le contexte qui a poussé des militants à créer la cellule d’écoute et d’accompagnement, lors de la fameuse affaire «sexe contre bonnes notes» qui a secoué l’ENCG Oujda en 2021.
Plusieurs témoignages de victimes ont atterri à l’époque chez le Collectif 490, un déclic qui a favorisé la prise de conscience et l’accélération de la création de cette cellule dédiée à l’écoute et au suivi des victimes. Narjis Benazzou a aussi tenu à rappeler les résultats de l’enquête de l’HCP de 2019, mettant en lumière qu’une femme sur 5 a déjà subi une violence dans un lieu d’études.
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Concernant les statistiques du collectif, pour la période de mars à septembre 2023, la cellule a recensé 33 cas de harcèlement, dont 16 ont bénéficié d’un suivi psychologique et 3 ont été assistés juridiquement pour porter plainte, aboutissant à deux procédures judiciaires toujours en cours aujourd’hui.
La biologiste a souligné que les jeunes se sentent plus à l’aise et confiants pour dénoncer le harcèlement lorsque l’anonymat d’abord, puis le moyen de communiquer, notamment des canaux digitaux accessibles, sécurisés, gratuits sont à leur disposition pour briser le silence.
De son côté, Adam Elhadi, psychologue des victimes, a mis en avant l’importance de la libération de la parole dans le processus thérapeutique. Il a partagé des statistiques globales supplémentaires: 94% des victimes sont des femmes, 62% se révèlent mineures au moment des faits et dans 19% des cas, le harcèlement a été accompagné d’un viol, tandis que 12% ont subi un harcèlement numérique.
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Le moment phare de la conférence a été la présentation en exclusivité du guide en ligne du Collectif 490 sur la lutte contre le harcèlement sexuel. Conçu en partenariat avec l’Association marocaine de lutte contre la violence à l’égard des femmes (AMVEF) et soutenu par le Fonds canadien des initiatives locales (FCIL), ce guide de 20 pages illustré par l’activiste féministe Zainab Fasiki vise à informer, sensibiliser et aider les victimes, et représente ainsi une avancée majeure dans la lutte contre ce fléau.
Dans une déclaration pour Le360, Zainab Fasiki confie: «Les chiffres font peur et démontrent l’urgence d’initiatives comme celles-ci pour informer, sensibiliser, aider les victimes et briser le silence qui entoure souvent ces situations tabous.» Elle a ajouté que «le pouvoir de l’art et du dessin sont palpables dans la lutte contre ce genre de fléau, le message a l’air de mieux passer non seulement auprès des jeunes, mais aussi auprès des parents». Elle conclut: «Par de simples petites initiatives, nous réussirons à réaliser un impact positif et un avancement dans nos politiques publiques et notre constitution.»
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Selon le Collectif 490, le silence persistant autour du harcèlement sexuel découle de la peur des victimes d’être stigmatisées et blâmées, ainsi que de leur méconnaissance des procédures et des recours disponibles. Le guide ambitionne donc de fournir des informations juridiques, des réponses pratiques et des conseils sur les démarches à suivre pour dénoncer le harcèlement sexuel. Il sera largement diffusé sur les réseaux sociaux, ainsi que par les médias, les associations et les étudiants eux-mêmes.