L’innovation scientifique au service du développement de la santé en Afrique en débat à Laâyoune

العيون تحتضن مؤتمرا حول الابتكار العلمي لتطوير الرعاية الصحية في إفريقيا

Lors de la conférence internationale organisée à Laâyoune sur le rôle de l’innovation scientifique dans le développement de la santé en Afrique, le 5 septembre 2025. (H.Yara/Le360)

Le 07/09/2025 à 17h10

VidéoLaâyoune a accueilli, vendredi soir, une conférence consacrée au rôle de l’innovation scientifique dans le développement de la santé en Afrique. Organisée dans le cadre du 6ème E-Congrès de la Société marocaine d’anesthésie, d’analgésie et de réanimation, cette rencontre a réuni des experts internationaux qui ont débattu des apports de l’Intelligence artificielle, de la blockchain, de l’imagerie médicale ou encore de la médecine de précision, afin de promouvoir une approche africaine intégrée et équitable.

L’innovation scientifique constitue la pierre angulaire du développement de la santé en Afrique, ont souligné les participants à une conférence organisée, vendredi soir à Laâyoune, dans le cadre du 6ème E-Congrès de la Société marocaine d’anesthésie, d’analgésie et de réanimation (E-SMAAR).

Les conférenciers chacun dans son domaine d’expertise, à savoir la médecine de précision, l’imagerie médicale, la médecine prédictive et préventive, l’oncologie, la blockchain et l’Intelligence artificielle (IA), ont mis en avant les avancées technologiques pouvant contribuer au développement de la santé dans le continent africain.

L’Intelligence artificielle adaptée aux réalités africaines

S’exprimant à cette occasion, le directeur exécutif de l’Alliance pour la recherche médicale en Afrique, Bamba Gaye, a formulé des recommandations structurantes pour l’usage de l’IA en santé, appelant à l’adaptation des algorithmes aux réalités africaines et à l’inclusion numérique pour garantir un accès équitable, ainsi qu’à la création de partenariats public-privé en soutien aux startups.

L’expert sénégalais a également insisté sur la nécessité d’une gouvernance éthique des données, incluant la transparence algorithmique et une régulation efficace de la protection des données personnelles.

La blockchain, un outil pour sécuriser la santé

Intervenant dans le même cadre, le directeur du laboratoire des réseaux de communication au Canada, Abdelhakim Senhaji, a exposé le potentiel de la technologie blockchain dans le domaine de la santé.

Parmi les usages possibles, il a évoqué la sécurisation des chaînes d’approvisionnement, la création de dossiers médicaux unifiés et la mise en place d’authentifications numériques fiables.

Vers une imagerie médicale accessible et innovante

De son côté, le directeur médical au Swiss Institute of Imaging and Image-guided Therapies, Salah Dine Qanadli a plaidé pour une réinvention de l’imagerie médicale sur le continent africain, mettant l’accent sur la nécessité de privilégier des technologies adaptées, peu coûteuses et facilement déployables.

L’expert a également préconisé une intégration progressive des technologies avancées dans le domaine médical, appelant à mobiliser la diaspora africaine en vue d’un transfert de compétences structurant.

La prédiction du cancer du poumon, un enjeu majeur

Nina Maouelainin, directrice médicale en pneumologie interventionnelle aux États-Unis, a, quant à elle, axé son intervention sur la prédiction du cancer du poumon, mettant l’accent sur les facteurs de risque spécifiques à l’Afrique, au-delà du tabac, comme la pollution intérieure, le VIH, la tuberculose ou encore les expositions professionnelles.

Elle a aussi recommandé le lancement de projets pilotes intégrant imagerie mobile et IA, ainsi que la création de registres régionaux des risques pour optimiser les ressources.

Médecine de précision et approche préventive

Pour sa part, le directeur du Centre Mohammed VI de recherche et d’innovation, Boutayeb Saber, a mis en lumière les pistes d’intégration de la médecine de précision, plaidant pour une évaluation rigoureuse des projets, une veille scientifique constante et une mutualisation des ressources disponibles.

L’ancien directeur de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) en France et fondateur d’une société de biotechnologie, Mohamed Benahmed, a pour sa part insisté sur l’ancrage de la médecine prédictive et préventive dans les systèmes de santé africains.

Il a recommandé l’introduction de modules dédiés dans les cursus médicaux, la promotion de la recherche locale à travers les centres de génomique, et la sensibilisation communautaire à la santé préventive.

Une vision africaine intégrée pour la recherche médicale

Cette conférence a illustré la volonté partagée d’élaborer une vision africaine intégrée de la recherche et de l’innovation au service d’une médecine plus équitable, durable et technologiquement avancée.

Avec plus de 70 sessions scientifiques et la participation de 160 experts issus de 25 pays, le 6ème E-Congrès, placé sous le haut patronage du roi Mohammed VI, se veut une plateforme d’excellence, réunissant les sociétés savantes marocaines et internationales.

Par Hamdi Yara avec MAP
Le 07/09/2025 à 17h10