Dans les quatre salles de classe qui occupent une partie de l’étage où se déploie le centre Al Zahrawi, une quarantaine d’élèves écoutent religieusement leurs professeurs, les yeux rivés sur les tableaux blancs où s’enchevêtrent formules mathématiques et équations complexes.
Imperturbables, les élèves font preuve d’une concentration extrême qui n’a rien d’étonnant, compte tenu de leur incroyable parcours scolaire. Grâce à des aptitudes peu communes, ils sont parvenus à décrocher le précieux sésame qui leur a permis d’intégrer les rangs de ces classes préparatoires et de bénéficier d’une formation pointue, dispensée par un corps enseignant trié sur le volet tant au Maroc qu’à l’étranger.
Ici, au sein de la filière Mathématiques, physique et sciences de l’ingénieur (MPSI), on n’enseigne pas que des matières scientifiques fondamentales (mathématiques, physique et chimie), mais on couvre également les sciences industrielles, l’informatique, la langue arabe, le français, l’anglais, le sport ainsi que des travaux d’initiative personnelle encadrés (TIPE).
Le prix de l’excellence
N’entre pas qui veut au centre CPGE Al Zahrawi. Bien que créé récemment, en septembre 2018, cet établissement rattaché à la Fondation Cheikh Zaïd a acquis très rapidement une notoriété académique qu’il doit à deux valeurs fortement ancrées dans l’enseignement qui y est dispensé: l’excellence et la méritocratie.
Sur les bancs du centre CPGE Al Zahrawi, se concentre une partie des meilleurs ingénieurs en devenir du Maroc, fidèles à l’engagement moral qui les lie à cet établissement. Humilité, assiduité, effort, endurance, résilience, goût du défi, solidarité et sens du partage sont ainsi attendus de ces petits génies de moins de 21 ans qui, pour pouvoir intégrer ces classes prépas, doivent afficher une moyenne de 18/20 au Baccalauréat et réussir ensuite le concours d’entrée du centre.
Nombreux sont les candidats, moindres sont les appelés, car sur un millier de demandes, seuls une centaine de dossiers sont retenus pour passer les concours, et une quarantaine seulement parviennent à passer entre les mailles des épreuves écrites et orales.
Sur un pied d’égalité
C’est à ce prix que ces étudiants se voient alors entièrement pris en charge par le centre CPGE. Hébergement, restauration, buanderie, mais aussi prise en charge totale des frais occasionnés par leurs déplacements à l’étranger pour y passer des concours. De leur entrée au sein de l’établissement jusqu’au jour de leur intégration d’une grande école, le centre Al Zahrawi prend tout en charge. Une seule contrepartie est exigée des élèves: exceller, encore et toujours.
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Leur hébergement au sein de l’internat du complexe n’est donc pas optionnel, car une fois leur journée de cours terminée à 18h, ce sont des cours du soir obligatoires qui prennent le relais jusqu’à 22h, après une pause d’une heure consacrée au dîner. Dans le bâtiment résidentiel où les étudiants de classe prépa occupent un étage, une grande pièce fait office de réfectoire avec deux téléviseurs et une enfilade de studettes où cohabitent par deux les étudiants. Lits, armoires, bureaux, kitchenette et salle de bain… rien ne manque au confort de ces étudiants, dont une grande majorité est issue de milieux modestes des quatre coins du Maroc.
C’est grâce à leur intelligence mais aussi parce qu’on a cru en eux en leur offrant cette opportunité de voir leurs compétences valorisées qu’ils sont réunis ici. Le complexe universitaire déployé par la Fondation Cheikh Zaïd est donc symbolique à plus d’un titre car sont aussi logés à la même enseigne les élèves de l’université privée, qui, elle, est payante. C’est ainsi, grâce aux frais de scolarité versés par les uns, que peuvent être prises en charge les études des autres. Ce melting-pot de Marocains venus de différents horizons permet ainsi de mieux comprendre les valeurs d’égalité, d’équité, d’humilité et de respect prônées par l’établissement et son personnel et qui prennent ici tout leur sens.
Ainsi, la seule concurrence qui prévaut en ces lieux est celle qui se joue en classe, en un match serré, pour tenter, toujours, d’être le meilleur parmi les meilleurs.
Des résultats parlants mais une discrétion de mise
Pour se faire connaître, l’établissement mise sur une stratégie marketing bien particulière et qui repose sur un seul mot d’ordre: aucune communication! Pas de publicité, pas de médiatisation, pas de présence sur les réseaux sociaux… Les résultats affichés chaque année par ce lycée suffisent à le faire connaître.
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C’est ainsi qu’il y a quelques jours, le lycée Al Zahrawi s’est imposé en quatrième position des meilleures classes préparatoires aux grandes écoles en France, allant jusqu’à dépasser le prestigieux lycée Louis Le Grand à Paris, et s’est classé en tête de file des classes préparatoires marocaines pour l’année 2023.
Un avenir qui se dessine à l’échelle continentale
Demain s’envisage en grand pour l’établissement de Rabat qui, d’ici quelques mois, emménagera dans de nouveaux locaux, à quelques pâtés d’immeubles de sa location actuelle. Tout en restant aussi élitiste, le centre Al Zahrawi accueillera alors davantage de classes préparatoires, en s’ouvrant à d’autres filières. Ainsi, au-delà de la filiale Mathématiques, physique et sciences de l’ingénieur (MPSI), l’établissement proposera également une filiale Physique, chimie et sciences de l’ingénieur (PCSI), Technologies et sciences industrielles (TSI), Economie et commerce, option technologie (ECT) ou encore Economie et commerce, option scientifique (ECS).
Autre ambition qui ne saurait tarder à se concrétiser elle aussi: l’ouverture des admissions aux étudiants du Maghreb et d’Afrique subsaharienne, selon les mêmes critères que ceux auxquels sont soumis les bacheliers du système éducatif marocain.