La Fédération marocaine des boulangeries et pâtisseries a évoqué la possibilité d’une hausse prochaine du prix du pain, face à l’augmentation importante des coûts de production et aux pressions croissantes que subit le secteur depuis plusieurs années, indique le quotidien Al Akhbar dans son édition de ce mercredi 19 novembre. Selon la fédération, les professionnels font face à une envolée des prix des matières premières, notamment la farine et les énergies, ce qui a considérablement réduit les marges bénéficiaires et menace la pérennité de nombreuses boulangeries, en particulier les petites et moyennes.
La fédération insiste sur le fait que la situation actuelle est devenue insoutenable en l’absence de mesures gouvernementales adaptées. Par ailleurs, la fédération a réaffirmé sa position sur la question de la farine subventionnée, soulignant que l’aide ne parvenait pas aux boulangeries comme prévu. Une grande partie est destinée à la consommation domestique ou à d’autres industries alimentaires, sans cahier des charges précisant son usage et garantissant que les professionnels du pain en bénéficient réellement. Elle précise que les minoteries produisent à partir de cette farine plus de quatorze produits vendus à des prix largement supérieurs à celui de la farine subventionnée, tandis que les boulangers ne reçoivent aucun soutien direct, malgré leur rôle dans la production d’un aliment essentiel pour les Marocains.
De leur côté, de nombreux professionnels expriment leur mécontentement face à l’ignorance persistante de leurs revendications, relève Al Akhbar. Ils dénoncent des conditions de travail extrêmement difficiles, accentuées par la hausse du prix du gaz et des énergies, ainsi que par le coût élevé de la levure et autres matières premières. Selon l’un d’eux, «la boulangerie ne peut plus couvrir ses dépenses quotidiennes», tandis que plusieurs établissements fonctionnent aujourd’hui avec des marges minimes ou enregistrent des pertes successives.
Les professionnels soulignent également que la concurrence déloyale du secteur informel aggrave la crise. Les points de vente de pain traditionnels se multiplient sans contrôle sanitaire ni respect de la fiscalité, plaçant les boulangeries structurées dans une situation injuste. Un boulanger de Rabat déclare: «la concurrence loyale a disparu, car le marché est ouvert à tous, sans régulation ni contrôle».
Ils appellent à l’ouverture urgente d’un dialogue national impliquant tous les acteurs du secteur, afin de trouver des solutions concrètes garantissant sa pérennité, notamment en réformant le système de distribution de la farine et en établissant des normes claires de qualité et de sécurité alimentaire. Les professionnels demandent un soutien direct de l’État ou, à défaut, un allègement fiscal, avertissant que la situation actuelle pourrait les contraindre à augmenter le prix du pain pour couvrir une partie des coûts de production.
Enfin, les boulangers plaident pour l’élaboration d’un cahier des charges spécifique à la farine destinée à la boulangerie, l’apposition d’une étiquette technique sur les sacs, la transition vers des sacs en papier pour préserver la qualité et la santé publique, ainsi que des programmes de formation et de professionnalisation, a-t-on pu lire dans Al Akhbar. Ils estiment que sauver le secteur nécessite une réforme complète, capable d’assurer à la fois la qualité des produits et la viabilité économique des boulangeries, tout en maintenant le pain à un prix abordable pour les consommateurs.







