La consommation et la commercialisation du narguilé, appelé chicha, au Maroc constituent la pomme de discorde entre les autorités locales et les propriétaires et gérants de cafés et de certains espaces touristiques.
Dans certains cas, les descentes effectuées par la police dans ces espaces, avec saisie des narguilés et interpellation des responsables des lieux, laissent entendre qu’il y a une violation des lois en vigueur. Mais dans d’autres endroits, la libre consommation de ce produit oriental fait croire que ces espaces sont autorisés par la loi, fait remarquer le quotidien Assabah dans un spécial consacré à ce phénomène dans son édition du week-end des 28 et 29 décembre.
Sur le plan juridique, Me Brahim Menkar, avocat au barreau de Rabat, a précisé dans un entretien accordé au quotidien que le narguilé n’est pas formellement interdit par les lois en vigueur. Les interdictions signifiées par les autorités locales ou les descentes effectuées par la police dans certains espaces sont généralement motivées par des réclamations de riverains. Ces derniers, a-t-il fait savoir, protestaient contre les odeurs dégagées par ces produits et les phénomènes de prostitution et de consommation de drogue que certains espaces abritaient. C’est cet état de fait qui explique également la décision de certains gouverneurs d’interdire la consommation du narguilé dans leur préfecture.
A ce propos, le quotidien cite le cas de l’ancien gouverneur de Meknès qui avait donné ses instructions à tous les départements de la préfecture afin de combattre le phénomène partout dans la ville. Cependant, rien ne justifie, s’interroge le quotidien, l’interdiction de la consommation du produit en question dans des espaces touristiques où les règles d’hygiène sont respectées et où la délinquance et la prostitution n’existent pas.
Ce flou juridique serait également mis à profit par les fournisseurs du narguilé. En effet, à Casablanca et ses environs, rapportent les sources du quotidien, des matières composant le narguilé seraient nocives. Ces produits, poursuit le quotidien, sont stockés dans des entrepôts sans aucun respect des règles d’hygiène. Pis encore, les cafetiers qui servent ces narguilés ignorent d'où ils proviennent, leurs constituants et leur date de péremption, indique le quotidien sur la base des informations contenues dans un procès-verbal dressé par les éléments de la gendarmerie de Bouskoura suite à une descente dans un lieu de la ville. Ce qui légitime la décision d’interdiction. Mais quoi qu’il en soit, le flou qui entoure cette question peut être mis à profit par n’importe quelle partie.