Après avoir été fustigé par plusieurs articles dans la presse dénonçant des malversations dans le secteur de la santé, le département de tutelle a publié un communiqué dans lequel il met les points sur les i. Tout en affirmant que deux rapports ont été soumis à la Cour des comptes par l’inspection générale des finances, le ministère récuse toute accusation infondée contre ses cadres. Le communiqué indique que le ministère exécutera toutes les décisions et les recommandations des appareils de contrôle financier relatives à la gestion et à la commercialisation des médicaments.
Dans son édition du samedi 6 juillet, Al Ahdath Al Maghribia indique que le ministère a pris acte de certaines informations parues dans les medias dans lesquels on affirme que «certains dossiers ont été déférés devant la justice et dans lesquels sont poursuivis pour corruption certains haut cadres du ministère». Le département de santé ajoute qu’il soutient tout contrôle qui s’effectue d’une manière éthique et professionnelle à même de sanctionner les fonctionnaires coupables de malversations. Cependant, ajoute le communiqué, le ministère dénonce, avec force, toute accusation immotivée contre chacun de ses fonctionnaires quel que soit le niveau de sa responsabilité.
Et de préciser que cette campagne de dénigrement contre le secteur de la santé ne prend pas en compte ni les efforts continus pour le développer et l’améliorer, ni les défis structurels qu’il affronte. Ce qui laisse penser, ajoute le communiqué, qu’il existe une volonté, chez certains, de ternir sciemment l’image de ce département qui fut pourtant le premier à prendre plusieurs mesures pour consolider la transparence et l’efficacité du système sanitaire.
Et d’enchainer en révélant que cette administration a fait l’objet de plusieurs contrôles et audits successifs par la Cour des comptes et l’inspection générale des finances qui n’ont jamais constaté d'infraction d’ordre pénal. Ces deux entités de contrôle ont, par contre, enregistré quelques remarques dans le domaine de la gestion et ont émis des recommandations pour améliorer la gouvernance dans les centres hospitaliers.
Toujours selon Al Ahdath Al Maghribia, le communiqué signale que le ministère de la Santé fut le premier à créer des inspections régionales pour accentuer les contrôles, suivre les dossiers et étudier les réclamations des citoyens. C’est d’ailleurs à la suite des rapports de l’inspection interne que le ministère a pris la décision de démettre plusieurs responsables de leurs fonctions et de les remplacer, par voix de concours, par une nouvelle génération de hauts cadres.
De son coté, Al Akhbar traite le même sujet dans son édition du samedi 7 juillet, en reprenant le même communiqué avec toutefois un ajout significatif. Le journal rapporte que le ministre de la Santé, Anas Doukkali, a soumis lesdits rapports à la Cour des comptes suite à des dysfonctionnements et des scandales dans la gestion, révélés par ce même journal avec preuves à l’appui. Il cite notamment des manipulations dans l’octroi des autorisations pour la commercialisation des médicaments suite à la promulgation du décret y affèrent en 2014. Du coup, la priorité a été donnée aux médicaments importés aux dépens des médicaments génériques ou fabriqués localement, dont la production est passée de 80 à 53%.
La preuve, ajoute le journal, la commission des affaires sociales au Parlement a révélé que des laboratoires fantômes ont bénéficié d’une autorisation par la direction des médicaments. Pourtant, la loi 04/17 oblige les laboratoires qui désirent importer des médicaments à disposer d’une unité de fabrication qui alimente le marché avec des quantités prédéfinies. La député socialiste, Ibtissam Maras, a d’ailleurs demandé au ministre Doukkali de procéder à la fermeture de ces laboratoires, aussi bien ceux qui produisaient des médicaments mais qui sont devenus de simples importateurs que ceux qui n’ont jamais eu d’unités de fabrication.
Cette même commission a constaté des dysfonctionnements dans la gestion des fournitures médicales. Dans son rapport, elle a pointé du doigt le laboratoire national du contrôle des médicaments qui ne supervise que 15 centres sur des milliers existants. Le journal rapporte que la fraude dans les fournitures médicales a causé plusieurs accidents, quand elle n’est pas à l’origine du cancer comme ce fut le cas avec le «sein artificiel».
Pour sa part, le journal Al Massae traite dans son édition du samedi 7 juillet, la révocation de 12 directeurs régionaux et l’appel à candidature pour leur remplacement. Une décision qui a provoqué du remous au sein du ministère de la Santé, notamment chez ceux qui répondent aux critères requis pour présenter leur candidature. Cette nouvelle décision du ministre vient juste après la révocation de six hauts responsables de ce département et leur remplacement. Il s’agit notamment du poste du directeur de l’institut pasteur, du directeur des ressources humaines et surtout du directeur des médicaments et de la pharmacologie qui fut accusé de graves violations.