Le «Kremlin» de Bouskoura totalement rasé: un champ de gravats entouré de palmiers encore debout

Sur le site de l'ancien «Kremlin» de Bouskoura, il ne reste qu’un tapis de gravats et quelques chevaux désorientés. (K.Essalak/Le360)

Le 20/11/2025 à 16h10

VidéoÀ Lamkansa, dans la commune de Bouskoura, le paysage a complètement changé. Là où se dressait encore il y a quelques jours l’imposant complexe Kasr Diafa, surnommé «le Kremlin» pour sa démesure, ne subsiste plus qu’une vaste étendue de gravats. Six jours de travaux de démolition, interrompus par deux jours de pluie et de vents violents, ont suffi pour effacer cet édifice de 15.000 m² que son propriétaire dit avoir bâti pour 160 millions de dirhams.

Ce jeudi 20 novembre, Le360 s’est rendu sur place. Au milieu des décombres, quelques chevaux erraient encore, venant rappeler l’autorisation initiale: un simple gîte rural assorti d’installations équestres. Autre image saisissante: les dizaines de palmiers qui bordaient le complexe sont restés debout, intacts, ayant étonnamment résisté aux assauts des bulldozers. Ils encerclent désormais une gigantesque décharge de béton brisé, comme les derniers témoins de ce projet extravagant.

Dans une apparition dans les médias, le jeune propriétaire, H.A.A, qui se présente comme un professionnel de l’évènementiel, affirme s’être inspiré du style baroque d’un hôtel Kempinski de Dubaï. Il raconte avoir fait venir des artisans indiens spécialement pour former des ouvriers marocains, dans un chantier qui aura duré près de cinq ans. Mais ce rêve architectural, aux allures de palace, s’est heurté à un obstacle majeur: l’urbanisme. La zone est classée agricole, et le plan d’aménagement y interdit tout complexe hôtelier ou salle de fêtes, pourtant au cœur du concept de Kasr Diafa.

Comme nous l’avions rapporté dans un précédent article, l’autorisation délivrée il y a cinq ans ne portait que sur un équipement rural. Le promoteur a tenté à deux reprises, en 2021 puis en 2024, d’obtenir une dérogation pour requalifier le projet en activité touristique. Deux demandes rejetées par le Centre régional d’investissement (CRI).

En 2022, les autorités retirent définitivement le permis, tout en accordant un délai de trois ans pour procéder à la démolition. Malgré mises en demeure et injonctions formelles, les travaux ont continué, nourrissant l’impression que le promoteur cherchait à placer l’administration devant le fait accompli.

La démolition n’a pas été exempte d’incidents: un conducteur de poclain s’est effondré en pleine opération et a dû être hospitalisé. Mais aujourd’hui, le chantier est quasiment achevé. Ne restent que des ruines ceinturées de palmiers, quelques chevaux désorientés, et le souvenir d’un projet démesuré, finalement rattrapé par la loi.

Par Wadie El Mouden et Khalil Essalek
Le 20/11/2025 à 16h10