Le gouvernement décide de s’attaquer de manière plus musclée aux Biphényles PolyChlorés, connues également sous le nom de polychlorobiphényles (PCB). D’après le quotidien Al Massae, qui rapporte l’information dans son édition du jeudi 22 avril, le département de tutelle s’apprête à sortir un décret renforçant le contrôle de la collecte, du conditionnement, du transport et de la destruction de ces déchets toxiques et hautement cancérigènes. Il s’agit, explique le quotidien de Polluants Organiques Persistants (POPs) dont la communauté internationale s’est engagée à réduire les émissions dans la nature.
Ces POPs font d’ailleurs l’objet, précisons-le, de la Convention de Stockholm que le Maroc a signée et ratifiée. Il s’est de même engagé, en vertu de cette convention, à mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour en assurer le respect et pour la mise en place de ses dispositions. Il a ainsi mis en place, depuis 2006, un Plan National, financé en partie par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), dont l’une des actions prioritaires est la gestion et l’élimination écologiquement rationnelle des PCB.
La première phase de ce plan ayant été exécutée, le gouvernement s’apprête à entamer la deuxième en serrant davantage la vis avec la mise en place de conditions réglementaires draconiennes pour gérer cette activité. Ainsi, par exemple, pour leur élimination, les déchets doivent désormais être stockés dans des conteneurs répondant à certaines caractéristiques spéciales et doivent obligatoirement porter la mention «Danger» avec un système iconographique dédié et utilisé à l’échelle internationale. Bien sûr, ces conteneurs, qui doivent être étanches, doivent également mentionner en caractères indélébiles qu’ils contiennent des PCB.
Les véhicules qui transportent ces conteneurs doivent également répondre à certaines caractéristiques spécifiques et à un code de signalétique universel. Le transport et l’entreposage de ces produits seront confiés à un personnel habilité et doivent être soumis à un contrôle strict, d’après ce nouveau texte. Après avoir passé en revue tous les détails techniques se rapportant aux opérations de collecte, de conditionnement et de transport de ce type de déchets, le quotidien note que, d’après le même projet de décret, les PCB doivent être stockés ou éliminés dans un endroit spécialement aménagé pour ce faire.
En fait, la mise en œuvre du Plan national mentionné plus haut prévoit, depuis le début, l’aménagement d’une plateforme de décontamination pouvant permettre au Maroc d’atteindre ses objectifs en matière d’élimination des PCB. La plateforme, opérationnelle depuis plusieurs années, a la capacité de collecter les déchets de PCB et de les emballer correctement avant expédition à l’étranger pour une élimination sûre. Elle a également la capacité d’éliminer in situ une petite concentration de PCB dans l’huile minérale, grâce à un procédé de déchloration. Elle a, enfin, une capacité de décontamination d'environ 100 tonnes de transformateurs contaminés par mois.
Notons par ailleurs que, lors d’une récente visite à cette plateforme sise à Bouskoura, près de Casablanca, le ministre de l’Energie avait évoqué la nécessité d'un renforcement du cadre réglementaire et des capacités nationales en matière de gestion et d’élimination sécurisées des PCB. Le Maroc devrait ainsi pouvoir assurer la décontamination locale de 1.740 transformateurs et 541 tonnes d’huiles contaminées par les PCB, ainsi que l’exportation de 613 tonnes d’équipements et 2,4 tonnes d’huiles hautement contaminées, en vue d’une élimination finale, dans des centres spécialisés à l’étranger.