L’ancien goumier marocain, qui a consacré 11 ans de sa vie à la France, se voit aujourd’hui honoré par le pays pour lequel il a pris les armes et risqué sa vie à maintes reprises. Alors que son nom fait partie de la liste des personnalités arabes et africaines dont les noms feront leur entrée dans l’espace public en France, ce sera aussi le cas au Maroc, à Casablanca.
En effet, c’est à la demande du consul général de France à Casablanca, Serge Mucetti qu’une plaque portant son nom sera apposée, ce 8 mai, à l’une des allées du parc du consulat général de France à Casablanca, dans le cadre d’une cérémonie à laquelle assisteront également l’ambassadrice de France au Maroc, Hélène Le Gal, la directrice du service local de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre, Muriel Maggio, ainsi que des personnalités marocaines et françaises.
Une belle consécration en ce 76ème anniversaire de la victoire des Alliés sur l'Allemagne nazie et de fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe marquée par l'annonce de la capitulation de l'Allemagne. Et au cœur de cette cérémonie, la célébration de la fraternité d’armes franco-marocaine. Et quel plus bel exemple de fraternité que cet homme aujourd’hui centenaire qui a consacré ses plus belles années à la défense de la France au péril de sa vie. Engagé dès 1941 à l’âge de 23 ans, ses premiers combats, il les livrera sur le front tunisien en 1943 contre les forces allemandes et italiennes avant de rejoindre le 2ème groupe de tabors marocains et de participer à la libération de la Corse en septembre 1943 et au débarquement de l’île d’Elbe en juin 1944.
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Une figure de la lutte contre le nazisme
Pas de répit pour les braves. Dès août 1944, il participe au débarquement de Provence, et à partir de Marseille, rejoint un nouveau front, cette fois-ci dans les Vosges, contre les Allemands. Hammou Moussik se démarquera particulièrement sur le champ de bataille et, le 18 novembre, son supérieur, le général Pierre Boyer de Latour, lui rendra un vibrant hommage en le citant à l’ordre des troupes et en déclarant à son sujet qu’il «s’est particulièrement distingué au combat de Ramonchamp (Vosges), le 8 octobre 1944, contribuant par son action personnelle à la mise en fuite d’un détachement allemand et à la capture de sa mitrailleuse».
Le journal le Figaro évoque à ce sujet les précieux souvenirs de témoins de ces rudes combats dans les Vosges qui en disent long sur l’engagement des soldats marocains et leur perception par les habitants de la région: «Soudain, une patrouille française de goumiers marocains nous rejoint et nous avons l’impression de retrouver la liberté.» Et de citer également la Prière pour nos frères marocains du général Hubert: «Nous venons vous prier, Seigneur, pour les morts de l’Islam. Combien d’entre eux sont morts sur les routes de France, des cyprès de Provence jusqu’aux neiges du Rhin (…) Permettez que les durs guerriers de Berbérie, qui ont libéré nos foyers et apporté à nos enfants le réconfort de leur sourire, se tiennent auprès de nous, épaule contre épaule, comme ils étaient naguère sur la ligne de bataille.»
Hammou Moussik ne s’arrêtera pas là, et son combat contre le nazisme le mènera aussi en Allemagne et en Autriche jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale. Son courage sera récompensé par la Croix de guerre 1939-1945 (avec étoile de bronze), puis bien plus tard, en 2013, par la légion d’honneur.
Démobilisé en 1947, il reprendra pourtant les armes à partir de juin 1950, cette fois-ci pour combattre en Indochine. Encore une fois, il se démarque et est cité à l’ordre de l’armée, le 29 janvier 1951 avant de quitter définitivement l’armée française en 1952, avec le titre de sergent-chef et de rentrer au Maroc, où il deviendra policier à Casablanca.