Le Club des magistrats défie Ramid

Brahim Taougar le360

Revue de presseKiosque360. Des magistrats comptent toujours manifester dans la rue, vêtus de leur robe, en dépit de la mise en garde du ministre de la Justice.

Le 07/02/2014 à 04h21

Le ministre de la Justice a pris à témoins les journalistes et, à travers eux, l'opinion publique lorsqu'il a lancé, mercredi, une vive mise en garde contre l'exploitation par le Club des magistrats de la robe de magistrat à des fins syndicales et politiques. Mustapha Ramid a jugé inacceptable que la robe de magistrat soit traînée dans la boue, alors qu'elle constitue un symbole noble pour l'ensemble des magistrats, rapporte la presse nationale datée de ce vendredi 7 février. Akhbar Al Yaoum écrit à cet égard que le Club des magistrats défie le ministre de la Justice, confirmant que ses adhérents descendront dans la rue vêtus de leur robe. Le journal reprend la déclaration de Ramid selon laquelle "toute question portant atteinte à l'indépendance de la justice relève de l'arbitrage du roi et non pas de la rue".

De son côté, Al Akhbar explique que Ramid "s'est appuyé sur les articles 13 et 23 régissant le statut des magistrats". "Ce statut interdit aux magistrats et au corps de la magistrature de recourir à des activités politiques ainsi que la prise de toute position à connotation politique", lit-on sur le quotidien. A en juger par ses deux dispositions, les magistrats doivent veiller sur les valeurs de dignité et de respect de la magistrature. "La robe de juge ne doit être portée par les magistrats que lors des audiences du tribunal", précise Al Khabar, indiquant que le ministre de la Justice a proféré des menaces implicites quant à la possibilité de prendre des mesures disciplinaires à l'encontre des contrevenants".

La tension monte d'un cran

Al Ahdath Al Maghribiya écrit pour sa part que le port de la robe de juge lors de la manifestation que compte organiser le Club des magistrats a déclenché la guerre entre Ramid et cette association. "Manifester en portant cette tenue est une violation flagrante de la loi et une atteinte à la dignité de ce corps professionnel", selon le ministre de la Justice. De son côté, Annass publie un communiqué de l'Amicale Hassania des magistrats -qui regroupe la quasi-totalité des magistrats- dans lequel cette dernière appelle "les magistrats affiliés au Club à ne pas sortir dans la rue vêtus de leur robe de juge". "Quelle que soit la nature des motifs de la manifestation, le port de la robe dans la rue est de nature à la discréditer au lieu de la faire respecter en lui conférant la symbolique de la haute mission qu'elle véhicule", selon l'Amicale Hassania.

En démocratie, la minorité et la diversité doivent être respectées, aussi respectée et appréciée qu'elle soit, elle n'a pas le droit d'imposer ses vues en dehors du cadre légal du dialogue. Tout le monde aurait eu le droit de jeter en pâture Ramid si par malheur ce dernier avait refusé de dialoguer ou de fermer la porte du débat. A voir les revendications du Club des magistrats, le jeu n'en vaut pas la chandelle. A moins que d'autres choses obscures ne soient en train de se manigancer. Savez-vous qu'un juge perçoit au début de sa carrière un salaire de 14.000 dirhams et qu'après 10 ans d'exercice, il peut atteindre 40.000 dirhams, d'après les dernières augmentations décidées par le roi Mohammed VI?

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 07/02/2014 à 04h21