Laâyoune: un festival du film documentaire annulé pour des séquences portant atteinte à la tribu de Reguibat

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Revue de presseKiosque360. Le Festival du film documentaire de Laâyoune a été suspendu après qu’une séquence du film «Zawaya Al-Sahara, Zawaya Al-Watan», évoquant le cheikh Sidi Ahmed Rguibi, a provoqué la colère de la tribu de Reguibat. Cet article est une revue de presse tirée des quotidiens Al Akhbar et Assabah.

Le 26/12/2022 à 20h21

Le wali de la région Laâyoune-Sakia El Hamra, Abdeslam Bekrate, a donné l’ordre aux autorités locales de suspendre le Festival du film documentaire sur la culture, l'histoire et l'espace sahraoui hassani, dont la sixième édition a débuté le 19 décembre courant. Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du mardi 27 décembre, que la suspension du festival et l’annulation de la cérémonie de remise des prix intervient après la tension et la colère provoquées par une séquence du film documentaire «Zawaya Al-Sahara, Zawaya Al-Watan», réalisé par Majida Benkirane et produit par Driss Mrini. Cette séquence évoque le cheikh Sidi Ahmed Rguibi, enterré dans la commune de Haouza relevant de la province de Smara, comme un homme n’ayant jamais eu d’enfant. Une allégation qui a été considérée par la tribu de Reguibat comme une atteinte à sa lignée et à celle de leur aïeul. Une vague de protestations a d’ailleurs secoué la salle où le film était projeté. 

Les contestataires ont considéré ces propos comme une falsification de l‘Histoire et une grave atteinte à l’identité de l’une des plus grandes tribus sahraouies. Une source autorisée souligne que l’intervention du wali a permis d’éviter les débordements, aussi bien dans les espaces du festival que dans la ville de Laâyoune. Cet incident est d’autant plus malheureux que la bavure commise lors de l’utilisation, dans la bande originale du film «Zankat Contact», d’une chanson de l’artiste pro-Polisario Mariem Hassan, est toujours gravée dans les esprits des populations du Sahara.

Une source sahraouie, souligne le quotidien Assabah qui traite le même sujet, indique que la séquence incriminée porte atteinte à l’un des symboles du Sahara. Le wali de la région a ainsi visionné le film et constaté la déformation de l’Histoire et l’atteinte à la lignée de la tribu Reguibat. Il a alors donné ses instructions pour suspendre toutes les activités du festival et se débarrasser de tous les panneaux publicitaires, aussi bien dans la Palais des congrès que dans les artères de Laâyoune. 

La même source souligne que les producteurs du film avaient fait appel à un prétendu chercheur et spécialiste de l’Histoire du Sahara qui a affirmé que le «Cheikh Sidi Ahmed Rguibi n’était pas un saint dévot et qu’il était stérile». Des propos jugés comme relevant d’une ignorance flagrante de l’Histoire du Sahara et d'une atteinte à sa population, sa lignée, son honneur. Toujours selon le même intervenant, l'un des cinéastes de la région a informé le directeur du CCM, Khalid Saidi, de cet incident. Ce dernier a contacté la réalisatrice pour lui demander de supprimer immédiatement la séquence incriminée, tout en lui faisant savoir que la projection du film ne serait plus autorisée.

Par Hassan Benadad
Le 26/12/2022 à 20h21