La secrétaire générale de la Francophonie en visite au Maroc

Michaëlle Jean, secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie. 

Michaëlle Jean, secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie.  . DR

Le Maroc joue un rôle extrêmement important dans la défense des valeurs d’ouverture, de tolérance et de coexistence entre les cultures et les religions que porte l’organisation de la Francophonie, a souligné sa SG Michaëlle Jean, à la veille de sa visite prévue du 8 au 11 mai à Rabat.

Le 07/05/2017 à 13h33

Dans un entretien à la MAP, à la veille de sa visite officielle au Maroc (8-11 mai), la première dans la région du Maghreb depuis son élection à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en novembre 2014, Mme Jean a indiqué que le royaume et l’Organisation de la francophonie mènent le même combat contre les forces de destruction et de radicalisation et les organisations terroristes qui sont à l’œuvre pour "créer une érosion de nos valeurs et de nos solidarités et diviser nos sociétés".

"Le Maroc prend cette question à bras le corps et joue un rôle de premier plan dans la mobilisation nécessaire face à ces menaces asymétriques, ces atteintes et assauts sur nos valeurs", a-t-elle affirmé, notant que cet engagement est essentiel pour la cohésion des pays et des sociétés.

"Je salue tout ce travail mené par le Maroc pour agir contre l’embrigadement et la radicalisation violente des jeunes et pour la promotion du dialogue entre les cultures et les religions", a relevé la secrétaire générale de la Francophonie, mettant en avant le rôle de leader majeur que joue le royaume dans ce domaine.

Elle a également mis en exergue la coopération active du Maroc et ses investissements dans le continent africain ainsi que sa contribution à plus de stabilité dans le monde et dans l’espace francophone.

"Nous aimons aussi nous appuyer sur la grande expertise du Maroc dans les domaines bancaire, de l’innovation et de l’éducation", a-t-elle indiqué, faisant savoir d’autre part que l’OIF a confié son audit externe à la Cour des comptes du Maroc, ce qui est un gage de confiance dans les institutions du royaume.

Mme Jean qui avait effectué sa première visite d’Etat au Maroc en 2006, en tant que gouverneure générale du Canada suivie d’une autre visite en 2012, alors qu’elle occupait le poste de chancelière de l’université d’Ottawa, s’est dite très impressionnée par les chantiers structurants engagés par le Maroc sous le règne du roi Mohammed VI, "le grand artisan de ce que le Maroc réalise y compris dans la francophonie et en particulier sur le plan africain et au-delà".

Cette visite officielle vise essentiellement à renforcer et approfondir les liens entre l’OIF et le royaume, a-t-elle indiqué, notant qu’elle aura des entretiens avec des responsables marocains englobant tous les domaines de coopération entre les deux parties et rencontrera des acteurs économiques et de la société civile.

Elle visitera également le Technopark de Rabat, le "Green Energy Park" de Ben Guérir, se rendra dans un établissement scolaire mettant en œuvre la réforme de l’enseignement en français et rencontrera des acteurs de la scène culturelle marocaine.

Elle participera aussi à la 17e assemblée de l’agence universitaire de la francophonie (AUF), qui rassemble plus de 800 institutions universitaires sur les cinq continents.

L’AUF est un opérateur qui, dans le domaine de la formation, de l’enseignement supérieur, de l’éducation est un outil fondamental de la francophonie et l’une de ses composantes les plus importantes, a souligné Mme Jean.

Par ailleurs, la secrétaire générale de la francophonie a indiqué que son organisation est très active au Maroc avec un programme totalement dédié au soutien et à l’accompagnement de l’entreprenariat dans des filières bien identifiés pour le renforcement des capacités et des compétences.

"Nous accordons une importance particulière aux projets portés par les femmes et les jeunes. Toutes les études démontrent que dès lors que l’on investit dans des initiatives économiques, des entreprises et des projets portés par les femmes et les jeunes, l’impact est immédiat sur la croissance et le PIB du pays", a-t-elle fait valoir.

Et de souligner que le souci de l’OIF est de faire en sorte que ces forces vives, souvent laissées dans la marge de la croissance, soient pleinement mises à contribution et accompagnées.

Pour elle, la question du financement et de la mobilité est fondamentale pour ces catégories afin qu’elles puissent aller chercher des marchés et se faire connaître à l’international.

Elle a annoncé, à cet égard que l’organisation de la francophonie est en train de déployer des incubateurs et des accélérateurs de très petites et moyennes entreprises dans 13 pays africains tout en soutenant des espaces collaboratifs pour les entrepreneurs.

Sur un autre volet la secrétaire générale de la francophonie a indiqué que le Maroc, qui avait abrité avec succès la COP22, s’est attaqué immédiatement à la question des financements des projets découlant de l’accord de Paris et a pris l’angle privilégié par l’OIF, à savoir l’adaptation aux effets dévastateurs du réchauffement climatique, pour aider et accompagner de très nombreux de l’espace francophone, qui ne sont pas les premiers producteurs de gaz à effet de serre mais qui subissent le plus durement ces effets.

Elle a salué, à cet effet, l’engagement du Maroc en faveur des petits Etats insulaires, des pays en émergence et en développement et des pays les moins avancés.

Mme Michaëlle Jean a rappelé que depuis le sommet de la terre à Rio en 1992, l’institut de la francophonie pour le développement durable, qui est un organe de l’OIF, a su accompagner toutes les conférences sur l’environnement, en formant les négociateurs et en produisant des contenus didactiques fondamentaux pour une pleine participation des pays de l’espace francophone aux grandes rencontres où des décisions capitales sont prises et où des discussions extrêmement cruciales se tiennent.

Elle a rappelé que l’organisation de la francophonie avait participé activement à la COP22 de Marrakech, en organisant une quarantaine d’événements (conférences ministérielles, séminaires, ateliers), notant que l’OIF, qui a accompagné le Maroc dans la préparation et l’organisation de cette conférence, continuera à travailler pour en assurer le suivi. 

Propos recueillis par Noureddine ELLAOUZI

Le 07/05/2017 à 13h33