Le 18 mai à Meknès, a été inauguré le cimetière historique juif du mellah de la ville, après sa fermeture pour des travaux de réhabilitation d’une durée de dix ans qui se sont déroulés dans le cadre de l’opération «les maisons de la vie», initiée en 2010 par le roi Mohammed VI et qui a permis la préservation et la rénovation de 180 nécropoles juives à travers le Maroc.
Présents pour l’occasion, David Govrin, chef du bureau de liaison d’Israël à Rabat, David Green, chargé d’affaires de l’ambassade des Etats-Unis au Maroc, Abdelghani Sabbar, gouverneur de la préfecture de Meknès, ainsi que des personnalités religieuses marocaines de confession juive ont inauguré ensemble la nécropole et participé ensuite aux festivités.
En effet, c’est à cette occasion que le Conseil des communautés israélites du Maroc, dirigé par Serge Berdugo en sa qualité de secrétaire général, a organisé sous le Haut Patronage du roi Mohammed VI, dans une ambiance festive chargée en émotions, la Hilloula des Tsadikim de Meknès. Un évènement religieux important pour la communauté juive qui, à l’instar des moussems chez les musulmans, consiste à honorer et adresser des prières aux saints.
Près de 400 concitoyens marocains de confession juive, pour la plupart résidant à l’étranger - en France, en Belgique, en Israël, aux Etats-Unis et au Canada - étaient présents également. Revenus à Meknès, leur ville d’origine, qu’ils nomment tendrement «la petite Jérusalem», ils ont renoué avec leurs racines ancestrales et se sont recueillis avec beaucoup d’émotion sur les tombes de leurs ancêtres.
Très émus par la réhabilitation de ce cimetière qui leur est cher, les visiteurs ont pu découvrir l’une des particularités de cet endroit, suite à sa réhabilitation, à savoir la présence de tombes dans la muraille d’enceinte du cimetière, les remparts de Moulay Ismaël. Une spécificité propre à cette nécropole meknassie qui abrite ainsi, littéralement dans ses murs, de nombreux Tsadikim (saints) et de grands rabbins.
La complexité des travaux de réhabilitation n’en a été que plus grande, car en plus de réhabiliter le cimetière «El Meaara», il a ainsi fallu rénover les remparts, classés patrimoine historique de la ville, conformément à des méthodes de construction datant du XVIIe siècle, le cimetière juif du vieux mellah de Meknès ayant été créé en 1682, sur un terrain cédé à la communauté juive par le sultan Moulay Ismaël en 1679.
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«Aussi importants que délicats, ces travaux ont concerné la rénovation des remparts, la reconstruction de la clôture, l’ouverture d’une porte monumentale, le nettoyage et le désherbage, la réhabilitation des tombes, l’inventaire et la reconstruction des tombes des Tsadikim, le dallage du forum et ses allées, les aménagements sanitaires et sécuritaires et la création d’un musées du mellah de Meknès», a détaillé ainsi Serge Berdugo.
Plus qu’une nécropole, le secrétaire général du conseil des communautés israélites du Maroc voit ainsi dans cet endroit un «monument historique unique qui mérite d’être présenté au plus large public».
L’inauguration de la réhabilitation de la nécropole a ensuite laissé place à la célébration de la grande Hilloula des Tsadikim de Meknès avec l’allumage traditionnel des bougies. Sous une tente caïdale dressée au milieu de la nécropole, les grands rabbins se sont ensuite réunis pour prier et adresser leurs bénédictions au roi Mohammed VI, au prince Moulay Rachid, ainsi qu’aux enfants du Souverain, le prince héritier Moulay Hassan et la princesse Lalla Khadija, tout en honorant et en priant pour la mémoire de feu Mohammed V et feu Hassan II. Un moment aussi solennel qu’intense au cours duquel la communauté juive de Meknès a démontré la force des liens qui l’unissent au Maroc et à sa monarchie.
Puis, c’est dans une ambiance festive, animée par le chanteur marocain, originaire de Meknès, Maxime Karoutchi et les Paytanim que les convives se sont réunis autour d’un repas. Au menu, plats traditionnels marocains et chants populaires repris en chœur par l’assistance sur fonds de youyous. Sous la tente, l’ambiance était aux retrouvailles entre familles, entre amis, aux rires et à la bonne humeur. Dehors, le temps était doux, les enfants jouaient à la belle étoile, on se promenait, on priait… Toute la nécropole illuminée d’une douce lumière participait à la fête.
A près de 22h00, il était temps de procéder à la vente aux enchères des bougies, dont les gains recueillis au cours de la soirée grâce à de nombreux mécènes serviront à l’entretien du cimetière tout au long de l’année, et jusqu’à la prochaine Hilloula. Les bougies vendues en l’honneur des saints ont été données à leurs acheteurs, qui chacun tour à tour a reçu la bénédiction du rabbin.
23h30… La soirée touchait à sa fin, il était alors temps de se quitter, mais pas avant d’avoir chanté, à tue-tête, avec ferveur, Sawt El Hassan et Laâyoune Aâniya, hymnes patriotiques à la gloire du Sahara marocain et à l’intégrité territoriale du Royaume, et enfin d’adresser encore une fois des bénédictions au roi Mohammed VI et à la famille royale.