«La faute à la qualité du bâti et au non respect de la loi»: désolation après la mort de 19 personnes dans l’effondrement de deux immeubles à Fès

Les opérations de secours après l'effondrement de deux immeubles résidentiels à Fès. (Y.Jaoual/Le360)

Le 10/12/2025 à 09h16

VidéoDeux immeubles se sont effondrés dans la nuit du 9 au 10 décembre, faisant 19 morts et 16 blessés. Les habitants, encore sous le choc, racontent un drame évitable au moment où les secouristes poursuivent leurs recherches. Témoignages.

Dans la nuit du 9 au 10 décembre, deux immeubles de quatre étages se sont effondrés successivement dans le quartier Al-Moustakbal, à Fès. Selon un bilan provisoire des autorités locales, au moins 19 morts et 16 blessés sont désormais recensés.

La scène reste gravée dans l’esprit de ceux qui ont assisté aux premières minutes. C’est le moins que l’on puisse dire. Monaïm, encore couvert de poussière, peine à trouver ses mots. Selon lui, rien ne laissait présager un tel effondrement. Il roulait sur la route principale lorsqu’il a vu l’immeuble s’écrouler. Il s’est arrêté, a couru vers les décombres avec d’autres habitants.

Monaïm raconte avoir aidé à sortir un homme âgé et un enfant. «Si la construction avait été réalisée comme il faut, si tout avait été fait dans les règles, un effondrement pareil n’aurait jamais dû se produire», fait-il remarquer.

Mohamed, lui, garde en mémoire le moment précis où l’effondrement a eu lieu. Aux alentours de 23h30, un premier immeuble s’est écroulé. Peu après, le second s’est effondré à son tour, entraînant une scène de panique dans tout le quartier.

Il dit se sentir attristé par ce qui est arrivé à des voisins qu’il connaît depuis longtemps. Selon lui, le drame touche un quartier où tout le monde se connaît. «Ce sont nos voisins, il y a beaucoup de familles ici. Ce qui s’est passé est vraiment malheureux», confie-t-il.

Il rappelle que les habitants concernés avaient bénéficié de terrains après avoir quitté les bidonvilles de Laâzim dans le cadre d’un programme de relogement lancé en 2007. «Ceux qui ont profité de ce programme ont construit eux-mêmes leurs maisons, souvent au mépris des lois sur l’urbanisme et les normes de construction», ajoute-t-il.

Dans le quartier, la stupeur se mêle à l’incompréhension. Bilal Ben Daoued, acteur civil, rappelle que cette zone urbaine est récente. Il assure que personne n’imaginait un effondrement ici, au cœur d’un secteur construit depuis moins de vingt ans. Pour lui, le drame révèle un problème plus profond. Il confirme que les règles d’urbanisme n’ont pas été appliquées comme elles auraient dû l’être et que la tragédie était évitable.

Sur place, les équipes de la protection civile travaillent sans relâche. Les recherches se poursuivent pour retrouver d’autres victimes potentielles. Un périmètre de sécurité a été établi autour des structures effondrées et les habitants des logements avoisinants ont été évacués par précaution, afin de prévenir tout danger supplémentaire.

Les blessés ont été transportés au Centre hospitalier universitaire de Fès pour passer les examens nécessaires et recevoir les soins appropriés. Les opérations de recherche se poursuivent toujours, les équipes de secours s’efforçant de retrouver et de porter assistance à toute personne susceptible d’être encore coincée sous les décombres.

Par Youssra Jaoual
Le 10/12/2025 à 09h16