Après que son prix ait culminé à plus de 15 dirhams, il y a quelques mois, la tomate serait-elle devenue subitement indésirable? C’est en tout cas ce que laisse entendre le quotidien Assabah, dans sa livraison du jeudi 11 juillet, qui fait état de destruction de quantités importantes de ce produit dans la région de Doukkala.
«Non seulement le prix de la tomate a chuté, mais les agriculteurs ont été obligés de la détruire en quantités», écrit le quotidien. C’est un groupe d’agriculteurs de la région qui fournissent l’ensemble du territoire national qui ont ainsi été obligés de se défaire de leur récolte dont personne n’en veut. Les tomates arrivées à maturité ont été cueillies, puis stockées dans des conditions sur place, souvent non conformes, en attendant un acheteur. Mais avec les jours qui passent, elles commencent à perdre en fraîcheur jusqu’à se dégrader. Ce qui a poussé les agriculteurs à s’en débarrasser en les détruisant.
C’est ce qui est arrivé aussi pour d’autres légumes comme les poivrons, les aubergines, les concombres, entre autres. Faute de demande, et face à une offre abondante, les agriculteurs ont été contraints de détruire leur récolte. Cette situation prévaut seulement dans les fermes, parce que dans les marchés de gros, le niveau des prix est toujours aussi haut, note le quotidien.
Les prix n’ont pour ainsi dire pas changé. Le quotidien cite justement le prix de la tomate, situé entre 50 centimes et 80 centimes départ de la ferme, il atteint entre 2,5 dirhams et quatre dirhams une fois sur le marché de gros.
L’autre facteur expliquant également cette situation est la coïncidence entre la période de récolte et l’Aïd Al Adha, généralement considérée comme une période de congés annuels dans les marchés de gros. Durant cette période la demande baisse. D’après des agriculteurs cités par le quotidien, ces derniers n’ont pas vu l’ombre d’un négociant en fruits et légumes depuis un mois.
La situation à l’export n’est pas non plus encourageante. Certains exportateurs trouvent des difficultés à écouler leur marchandise sur les marchés étrangers, au moment où dans certains pays européens les camions chargés de tomates font l’objet d’actes de vandalisme. Tout cela fait que la demande sur la tomate a baissé et que les agriculteurs n’ont plus de solution que de se débarrasser de leur récolte.
Il faut dire, souligne le quotidien, que le secteur est encore caractérisé par une certaine anarchie. La chaîne de valeur n’est pas maîtrisée, surtout en ce qui concerne le volet distribution. Une meilleure organisation de la chaîne pourrait leur éviter ce genre de situation. Les agriculteurs peuvent prendre exemple sur d’autres producteurs de produits périssables, qui, eux, maîtrisent bien la chaîne de production. C’est le cas en outre des producteurs laitiers, qui contrôlent la production, la distribution et donc les prix, et ce en s’organisant en sociétés et en coopératives.