Un haut responsable du ministère de la Justice, qui a préféré garder l’anonymat, a révélé à notre confrère Assabah que «l’année 2019 sera celle des procès de plusieurs responsables et élus dont la majorité sont des présidents de commune. Ils sont impliqués dans des affaires de corruption durant les mandats des gouvernements Abbas El Fassi et Benkirane. Cependant, leurs délits ne seront pas prescrits au cours de l’année prochaine.»
La même source a indiqué que les dossiers des personnes qui seront jugées sont prêts. La liste comprend des présidents de commune mais aussi des responsables du groupe Al Omrane et des départements de l’énergie, des mines, de l’aménagement, du transport, de l’artisanat, de l’enseignement, de la santé et des chambres de commerce de Casablanca et de Beni Mellal.
Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du samedi 15 décembre, qu’un grand nombre des présidents de commune concernés appartiennent au parti majoritaire (PJD). Ils sont de «grands» élus dont les dossiers seront traités par les tribunaux des crimes financiers. Les délits qui leur sont reprochés sont très graves, si l’on croit la teneur des rapports «noirs» et des procès verbaux réalisés par l’inspection générale de l’administration territoriale et celle du ministère de l’Economie et des finances.
Les décideurs ont refusé de dévoiler d’une seule traite lesdits dossiers de corruption pour éviter que certains organes de l’Etat ne soient accusés de chercher à liquider «les élus islamistes».
Dans cette liste noire, on trouve aussi des élus du PAM, du RNI, du PI et de l’UC qui seront tous déférés devant la justice courant 2019. Par contre, la justice n’a pas attendu la fin de l’année en cours pour arrêter un grand élu de l’USFP dans la région du Draa-Tafilalet.
La relance de ces poursuites entre dans le cadre du principe de reddition des comptes. Outre les élus, la justice poursuit des directeurs d’établissements publics, des hauts fonctionnaires dans certains ministères, des entrepreneurs et des responsables de bureaux d’études. Ces procès coïncident avec la nomination d’un nouveau directeur de l’Organe national de prévention et de lutte contre la corruption.
En l’absence d’un effet dissuasif pénal, certains responsables ont, pendant longtemps, dilapidé l’argent public sans se soucier des rapports annuels de la cour des comptes qui les mettent en cause. Il semblerait, selon des sources autorisées, que l’ère de l’impunité sera révolue dès le début de l’année prochaine. Les dossiers brûlants classés en raison de calculs politiques ou d’interventions de personnalités influentes seront traités dans une salle de tribunal.