Cela fait longtemps que nous n’avons pas assisté à des manifestations grandioses de soutien au peuple palestinien. Que ce soit à Londres, à Washington, et même en France, où le ministre de l’Intérieur avait commencé par les interdire et faire payer 135 euros à tout citoyen qui sortait dans la rue réclamer justice pour la Palestine, des milliers de personnes manifestent leur horreur des crimes commis sur les civils par Israël.
Samedi, en tout cas, les Parisiens ont manifesté dans le calme et la discipline entre Place de la République et Place de la Nation. J’ai rejoint cette manifestation émouvante où des pancartes montraient des enfants suppliciés.
C’est à une guerre existentielle que nous assistons ces jours-ci. D’après le politologue libanais Ghassane Salamé, «il n’y a pas de solution en dehors de la reconnaissance du droit des Palestiniens». Le droit d’exister dans un État voisin de celui d’Israël. Ce discours n’est pas audible en ce moment, car les bombardements des Palestiniens de Gaza ne cessent pas, de jour et de nuit.
Les atrocités commises sciemment par l’armée israélienne relèvent de la vengeance et non d’une confrontation entre deux armées. Le gouvernement actuel bombarde les populations civiles, allant jusqu’à cibler une ambulance, faisant 15 morts le vendredi 3 novembre, ce qui a fait dire au Secrétaire général des Nations unies «son horreur absolue».
Le nord de Gaza est encerclé. Et les bombes continuent de tomber comme une pluie de malheur. Un homme ayant perdu toute sa famille se lamente et demande à Israël «combien te faut-il de morts encore pour cesser de nous massacrer?»
Netanyahou est connu pour son caractère maléfique, intransigeant, et sans la moindre vision politique de l’avenir. Il n’écoute ni ses amis américains, ni les Nations unies, ni une grande partie de son peuple. Il est soutenu par seulement 17% de la population israélienne dans son aventure génocidaire.
Ghassane Salamé a dit encore, sur les ondes de Radio France: «Il n’y a pas de guerre à gagner; il y a des solutions à trouver». Jolie formule, mais dans le concret, personne ne semble chercher des solutions. Seule la destruction du Hamas, programmée par le gouvernement d’extrême droite de Netanyahou, domine actuellement le champ de bataille.
Le Hamas est un parti politique qui a gagné les élections en 2006. Il est soutenu par l’Iran au même titre que le Hezbollah libanais. Ce n’est pas une nébuleuse née d’hier. Impossible donc de l’anéantir comme le croit Netanyahou. La seule chose que réussit son armée, c’est de tuer des civils dans leur sommeil, en supposant que parmi eux se trouveraient des dirigeants du Hamas.
La cause palestinienne est revenue aujourd’hui sur la scène internationale. Ce fut la tragédie du 7 octobre qui l’a réveillée.
Le Maroc n’échappe pas à ce malaise. C’est pour cela que le ministère de l’Intérieur a autorisé les différentes manifestations dans la plupart des villes du pays. Le peuple marocain a de tout temps été avec les Palestiniens. Du temps de feu Hassan II, je me souviens des taxes sur le tabac et les billets de cinéma prélevées pour les Palestiniens.
Je me souviens aussi que, lors d’une rencontre à Alger entre dirigeants palestiniens et la junte militaire au pouvoir, une motion soutenant les éléments du Polisario a été prononcée. Le tir a été vite rectifié par Yasser Arafat lui-même, qui avait tenu à observer une stricte neutralité dans ce conflit.
Les Accords d’Abraham (décembre 2020) ont été plutôt bien accueillis par le peuple marocain, à l’exception du parti islamiste, le PJD, qui avait marqué son désaccord.
L’arrivée souvent massive de touristes et d’hommes d’affaires israéliens au pays a été suivie avec une attention bienveillante par l’ensemble des Marocains. J’ai même connu des guides touristiques qui se sont mis à apprendre l’hébreu pour mieux faire leur métier.
Le fait que le roi Mohammed VI soit le Président du Comité Al Qods n’a échappé à personne au moment de la signature de ces accords. À aucun moment le Maroc ne s’est désolidarisé de la cause palestinienne. Et aujourd’hui, son appui aux populations de Gaza est total et sans ambiguïté.
La guerre actuelle est cruelle, atroce, sans équivalent dans le monde. En Ukraine, ce sont des soldats qui se battent avec d’autres soldats, même si des civils sont morts suite à des attaques russes considérées par la communauté internationale comme «des crimes de guerre».
L’ONU a aussi qualifié ce que fait Israël à Gaza de «crime de guerre». Mais Israël n’a jamais tenu compte d’aucune résolution des Nations unies. Il les méprise et ne fait que ce qu’il décide de faire. Cette arrogance a même fini par agacer l’Amérique. Jusqu’à quand Israël va-t-il poursuivre ses tueries de civils? Jusqu’à quand le gouvernement de Netanyahou restera-t-il fermé à tout espoir de cessez-le-feu, de négociation ou, pourquoi pas, de paix? Ce sont les Américains, ainsi que le peuple israélien, qui en décideront.
Pour le moment, nous assistons à un génocide planifié et exécuté sans la moindre hésitation.