Interdiction des déplacements de et vers certaines villes: la nuit de la grande évasion

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Revue de presseKiosque360. La décision de fermer l’accès à huit villes, annoncée par le gouvernement six heures avant son entrée en vigueur, a provoqué la panique dans le pays, une flambée exponentielle des prix du voyage, des embouteillages monstres et des accidents de la circulation.

Le 27/07/2020 à 19h07

Quelques minutes après la diffusion, dimanche vers 18 heures, du communiqué conjoint des ministères de l’Intérieur et de la Santé annonçant l’interdiction des déplacements de et vers les villes de Tanger, Tétouan, Fès, Meknès, Casablanca, Berrechid, Settat et Marrakech, plusieurs régions ont plongé dans la panique. La décision a fait l’effet d’une bombe dans le pays.

Annoncée six heures avant son entrée en vigueur, l’information a rapidement circulé comme une traînée de poudre, entraînant des affolements et une panique parmi la population, notamment chez les nombreuses familles qui voulaient rentrer chez elles avant minuit ou rejoindre d’autres villes pour les vacances de la fête de l’Aïd Al-Adha.

Les gares routières ont été prises d’assaut par les voyageurs qui espéraient quitter ou rejoindre les villes concernées avant minuit, fait remarquer le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition de ce mardi 28 juillet.

Ce qui a provoqué des scènes de panique, des attroupements énormes, une importante débandade partout et une flambée exponentielle des prix. Sur les autoroutes, la circulation n’était pas sans danger, avec des embouteillages monstres au niveau des gares de péage où le son strident des avertisseurs se mêlait au brouhaha et à la colère des automobilistes dénonçant cette situation.

Sur plusieurs axes autoroutiers, poursuit le quotidien, des blocages de la circulation à cause des accidents ont complété le triste tableau. Ces scènes tragiques ont été rapidement filmées et diffusées sur les réseaux sociaux où elles ont été largement partagées et ont suscité de vives critiques à l'encontre du gouvernement, ajoute le quotidien.

Le même constat a été dressé par le quotidien Al Massae dans son édition du même jour. «La décision, qui a accordé aux Marocains cinq heures pour rejoindre leur lieu de travail ou de résidence ou la ville où ils souhaitent passer la période de fête, a provoqué de fortes affluences dans les gares routières et des embouteillages énormes sur les routes et les autoroutes», fait remarquer le quotidien. En fait, «les files de voitures, qui ont démarré d’un seul coup, ont provoqué des embouteillages énormes à la sortie des villes, au niveau des gares de péage et aux entrées d’autres localités. Tout le monde est entré dans une course contre la montre afin de rejoindre sa destination avant l’entrée en vigueur de la décision des deux ministères», rapporte pour sa part le quotidien Assabah dans son édition du même jour.

Cette décision, indique le quotidien, a été la risée des réseaux sociaux qui ont largement partagé des commentaires ironiques à propos de cette situation. Certains activistes ont proposé la création d’une «coordination des ouvriers bloqués», allusion faite aux chefs de ménage bloqués loin de leurs familles. De même, ils mettent en garde contre une décision de dernière minute annulant la fête du mouton. Autant dire que cette décision a alimenté le registre de l’humour contestataire sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, les trois quotidiens, qui rappellent le communiqué des deux ministères, ont indiqué que le chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, a défendu cette décision prise par les ministères de l’Intérieur et de la Santé imposant l’interdiction des déplacements depuis et vers les villes de Tanger, Tétouan, Fès, Meknès, Casablanca, Berrechid, Settat et Marrakech. Lors de son intervention, par visioconférence, à une réunion organisée par l’Espace professionnel de la région Rabat-Salé-Kénitra, proche de son parti, le chef de l’Exécutif a fait savoir que «cette décision avait pour objectif de circonscrire la pandémie par l'adoption de mesures strictes visant à empêcher sa propagation dans d’autres villes».

Par Mohamed Younsi
Le 27/07/2020 à 19h07