J’ai entendu cela dans un film sur la mafia: «La première chose à faire dans un restaurant ou une chambre d’hôtel, petit, c’est tester les toilettes. Compris?»
Compris, chef. Parce que les «water» disent tout et vite. Elles renseignent mieux que personne. C’est un révélateur, un livre ouvert.
Mais quand les «water» n’existent pas…
Je me rappelle de ce jour béni où la préfecture de police de ma ville préférée venait de faire peau neuve. Nouveau bâtiment assez high-tech, vu de l’extérieur. Sourires de bienvenue à l’entrée. Communication hyper bien huilée autour du thème de la police à visage humain, et bien d’autres merveilles. Ce n’était plus le Maroc, mais la Norvège.
Et puis, patatras! Ce qui devait arriver arriva. L’heure du test avait sonné. J’ai demandé au chef: «Les WC, s’il vous plaît.» J’ai descendu plusieurs étages avant de me retrouver dans une sorte de cave, sans lumière, le noir total, humide et froide. Le bâtiment venait à peine d’être inauguré que les ampoules étaient déjà «grillées». Mais comment est-ce possible?
Bienvenue au Maroc!
Changeons de décor à présent. Une nuit, à la sortie de l’aéroport international de Casablanca, par un temps glacial, et alors que j’attendais l’arrivée d’un proche de retour de voyage, j’ai demandé: «Les WC, s’il vous plaît.» J’arrive, 300 mètres plus loin, au milieu de nulle part, devant un bâtiment lugubre, dont la porte d’entrée est barrée par une énorme pièce métallique. Fermé!
Mais il y a une deuxième entrée, de l’autre côté, réservée aux femmes. Fermée aussi. Un ouvrier s’approche de moi et me souffle: «C’est les travaux, monsieur, tout est fermé.» Je demande: «Pourquoi fermer les deux toilettes à la fois? Vous auriez pu commencer les travaux dans l’une et attendre pour l’autre, non?»
Bien sûr qu’ils le pouvaient. Et qu’ils le devaient. Mais ils ne l’ont pas fait!
Personne ne leur a dit. Et tout le monde a l’air de s’en contrebalancer. Ils ne vont quand même pas se soucier de la vessie des autres. Et comme nous disaient nos ancêtres: «C’est à la maison, avant de sortir, qu’il faut faire ses petits besoins, mon petit.»
Nous sommes au Maroc quand même!
Que faire alors? Quelqu’un me dit, de loin: «Les toilettes, c’est ça? Allez dans le parking des voitures, vous trouverez!»
Au parking, il n’y a rien, ni personne. Juste des voitures collées les unes aux autres. Et voilà qu’un employé passe: «Les toilettes, vraiment? Mais allez à l’intérieur de l’aéroport!»
Merci. Pour accéder à l’aéroport, il faut un passeport et un billet d’avion. Donc, impossible. Je vous laisse imaginer la solution que j’ai trouvée pour me soulager…
C’est le genre de solution qui fait dire aux touristes: «Mais ils sont sauvages ces Marocains! Personne ne leur a encore dit qu’il ne faut pas faire ses besoins dans la nature?»