Le drame survenu à la maternité de l’hôpital Hassan II d’Agadir, ayant coûté la vie à huit femmes enceintes, a conduit les autorités sanitaires à prendre des sanctions immédiates et radicales à l’encontre du personnel impliqué.Des mesures disciplinaires sans précédent ont été décrétées, incluant la suspension, la comparution devant les conseils de discipline et, pour certains, la révocation pure et simple de la fonction publique. «C’est ainsi que sept sages-femmes et quatre infirmiers spécialisés en anesthésie-réanimation ont été suspendus», rapporte Al Akhbar du jeudi 9 octobre.
Parallèlement, le ministère a révoqué sept médecins, parmi lesquels figuraient un professeur universitaire en gynécologie-obstétrique, deux médecins anesthésistes-réanimateurs et plusieurs autres praticiens. Cette décision fait suite au dépôt, par le département de la Santé, du rapport de l’inspection générale auprès du parquet, officialisant ainsi le volet judiciaire de cette affaire tragique.
Cependant, cette purge administrative, intervenue en attendant les conclusions des enquêtes en cours, génère une situation paradoxale et profondément critique. Le départ contraint de ce personnel médical aggrave considérablement la pénurie de cadres soignants dans un hôpital déjà soumis à une pression intense. Les postes laissés vacants par ces sanctions n’ayant pas été pourvus, la direction régionale se verra contrainte, dans l’urgence, de recourir à des solutions précaires en faisant appel à des équipes issues des hôpitaux provinciaux avoisinants.
Les services cliniques en paient déjà le prix fort. La maternité, qui ne compte plus désormais qu’un seul médecin sur les trois qu’elle abritait, voit son unique praticien contraint d’assurer des gardes épuisantes pour couvrir l’ensemble des plages horaires. De même, le service de réanimation, réduit à un seul anesthésiste-réanimateur, connaît une perturbation majeure, incapable de pourvoir aux huit salles d’opération que compte l’établissement, chacune devant normalement être supervisée par un spécialiste.
«Cette atmosphère de crise a également provoqué un mouvement de protestation larvée au sein du personnel», note Al Akhbar. Certains médecins internes refuseraient désormais d’exercer leurs fonctions jusqu’à l’ouverture du nouveau Centre hospitalier universitaire (CHU), tandis que des infirmiers spécialisés en anesthésie déclarent ne plus pouvoir travailler sans la supervision des médecins dont ils dépendaient, créant ainsi une impasse dangereuse pour la prise en charge des patients.








