Hay Hassani: un parfum de scandale sous prétexte de rénovation d’un complexe culturel

La présidente du Conseil communal de Casablanca, Nabila Rmili, lors de la réunion du conseil au titre de février.

Revue de presseInauguré en grande pompe en décembre 2022, le complexe culturel de Hay Hassani fait pourtant l’objet de nouveaux marchés publics. Des élus s’interrogent sur l’opacité de la gestion locale. Le scandale prend de l’ampleur, sur fond de gaspillage flagrant des deniers publics. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 19/06/2025 à 20h32

Un parfum de scandale enveloppe la gestion des marchés publics dans l’arrondissement de Hay Hassani, à Casablanca. Des élus locaux tirent la sonnette d’alarme sur une série de dysfonctionnements majeurs, de pratiques opaques et de décisions douteuses qui jettent une ombre sur la gouvernance municipale. Pire encore, des demandes d’information légitimes formulées par des membres du conseil d’arrondissement ont été interprétées comme des actes d’insubordination, entraînant des menaces de sanctions disciplinaires, dénonce le quotidien Al Akhbar dans son édition du vendredi 20 juin.

Au cœur de la polémique: plusieurs marchés publics lancés par la commune de Casablanca au profit de l’arrondissement de Hay Hassani. Parmi eux, un projet attire particulièrement l’attention, la poursuite des travaux du complexe culturel local. Or, ce dernier avait pourtant déjà été inauguré officiellement le 23 décembre 2022, en grande pompe, par la maire de Casablanca, Nabila Rmili.

La nouvelle enveloppe budgétaire annoncée pour cette prétendue «fin des travaux» s’élève à plus de 2,8 millions de dirhams, précise le quotidien. Une somme colossale pour un complexe déjà construit et officiellement ouvert au public. À quoi sert donc ce nouveau financement? Pourquoi injecter autant d’argent dans un édifice déjà opérationnel? Ces interrogations légitimes, soulevées notamment par Mustapha Akâades, vice-président de l’arrondissement, restent à ce jour sans réponse.

Comme si cela ne suffisait pas, à peine un mois après le lancement de ce marché, une autre procédure est déclenchée. Un appel d’offres pour l’entretien des bâtiments culturels, y compris celui de Hay Hassani. Le montant de la facture dépasse 1,3 million de dirhams. Cette succession de marchés, aux montants significatifs, semble indiquer bien plus qu’un simple manque de coordination administrative, alerte Al Akhbar.

Des élus ont adressé un courrier à la maire de Casablanca pour obtenir des clarifications. Ils y recensent pas moins de 63 marchés publiés sur le portail national, dont certains ne semblent jamais avoir été exécutés sur le terrain. Mais cette initiative de transparence se heurte à un mur. Aucune réponse officielle. Pire, selon les élus, leur demande a été transférée non pas à l’administration municipale compétente, mais au siège régional du Rassemblement national des indépendants (RNI), parti auquel appartient la maire. Résultat, les élus concernés se retrouvent menacés de sanctions disciplinaires, accusés de semer le trouble.

Ce glissement vers une logique autoritaire, où la loyauté partisane prime sur la transparence et l’intérêt général, constitue une grave dérive, lit-on. Autre grief majeur, l’inégalité flagrante dans la répartition des marchés entre les différents arrondissements de Casablanca. Tandis que certains bénéficient de projets de réfection de trottoirs ou d’aménagements d’espaces verts, comme au Maârif, d’autres, comme Hay Hassani, semblent condamnés à recevoir des miettes ou à servir de théâtre à des marchés douteux.

Par Imane Idrissi
Le 19/06/2025 à 20h32