Ces J.O sont à marquer d’une pierre blanche.
Rappelez-vous de la cérémonie d’ouverture. Pour la première fois dans l’histoire de ces J.O, elle a eu lieu extra-muros, dans la rue, dans la «vie».
Du jamais vu. Là où les cérémonies d’ouverture suintaient généralement l’ennui, en étant coincées à l’intérieur du stade olympique, avec l’interminable défilé des participants, nos amis parisiens ont fait fort en exploitant au maximum le potentiel de leur ville. L’eau de la Seine a été magnifiquement exploitée, les airs aussi, les ponts, les toits, les musées, etc.
Même la pluie était de la partie, rajoutant à la magie du spectacle.
Et la culture était au rendez-vous, en faisant le lien entre le passé et le présent. Cette cérémonie, c’était un livre ouvert, un livre en images, qui racontait la France et sa culture.
Mais il y a eu un mais. N’est-ce pas!
Le chanteur Philippe Katerine et ses amis ont décidé de transformer le célèbre tableau de la Cène, représentant le dernier repas de Jésus avec ses apôtres, en une espèce d’orgie LGBT. Les organisateurs assurent que l’idée était juste de représenter une «grande fête païenne»…
Oui, ils sont allés un peu loin. Mais…
Certains parmi vous, amis lecteurs, ont dû être choqués par tant de «mauvais goût». D’autres ont apprécié tant d’audace et ce pied de nez à la bien-pensance.
Mais la douleur de ceux qui ont été choqués par les images n’est rien, comparée à celle de la communauté LGBT en société. Surtout dans des pays comme les nôtres, où l’on continue de considérer la différence sexuelle comme une déviation.
Les douleurs ne se valent pas à l’échelle Richter. Oui, Richter. Le choc des images a sans doute été sismique pour certains. C’est de la thérapie de choc.
Mais choquer n’est pas une finalité, et parfois il faut choquer pour faire bouger les lignes.
Katerine et ses amis ont l’habitude de choquer un petit public confidentiel et totalement acquis, que plus rien ne choque. Là, ils profitent d’une exposition mondiale pour faire passer ce qu’ils savent faire…
L’idée n’est pas de se moquer de la religion et des croyants, mais de remettre la douleur d’une communauté ostracisée (quand elle n’est pas férocement combattue), et donc l’humain, au cœur de cette cérémonie et de ces J.O.
De ce point de vue, c’est réussi. Et tant pis si le trait est grossier.
Si, sur dix personnes choquées, il y en a au moins une qui se pose les bonnes questions, le choc aura servi à quelque chose.
Et de toutes ces bonnes questions, il y en a une, la meilleure. Ce n’est pas vraiment une question, mais une évidence: la communauté LGBT a le droit de vivre sa différence et ne fait aucun mal à personne. Chacun sa vie, sa liberté, ses choix personnels.
Si on arrive à regarder les choses sous cet angle, c’est-à-dire de la manière la plus simple, c’est que le «geste» de Katerine et des autres aura été utile.
Et que dire, pour finir ce joyeux billet, du cas extraordinaire de la boxeuse algérienne, Imane Khelfi, magnifique médaillée d’or en boxe féminine? Qu’est-ce qu’elle a pris comme coups, sur le ring et surtout en dehors?
La victoire de l’Algérienne sera sans doute l’une des plus belles images de ces J.O. Avec, sans doute, l’or de Soufiane Bekkali, le bronze magnifique des Lionceaux de l’Atlas… Et la «grande fête païenne» de ce diable de Philippe Katerine et de son mauvais goût assumé!