Invité du Grand Format, le ministre a rendu un hommage particulier au roi Mohammed VI pour avoir conçu et suivi les deux projets en exprimant sa conviction quant à la réussite de leur réalisation. Pour lui, la réforme du système de santé tire son essence de la volonté de garantir une meilleure offre de soins grâce à cinq leviers fondamentaux: la Haute autorité de la santé, les groupements sanitaires territoriaux, les garanties accordées aux ressources humaines des métiers de la santé, l’Agence nationale du médicament et des produits de santé et l’Agence marocaine du sang et dérivés.
La réforme de la santé est intimement liée à la réussite du chantier de la protection sociale. «En moins d’une année, nous avons élaboré et adopté ces textes de loi en espérant que tous les décrets d’application verront le jour avant la fin de l’année», a souligné le ministre en assurant que chaque région aura son CHU et que le personnel médical (médecins et infirmiers) verra s’améliorer ses conditions de travail, y compris la formation et les salaires.
Aujourd’hui, le déficit en matière de personnel est important, estimé à «34.000 médecins et 65.000 infirmiers». «Il y a de grandes attentes de la part des citoyens», a observé Khalid Aït Taleb, avant d’indiquer: «Le chef du gouvernement et moi-même avons élaboré des scénarios prévoyant une baisse des années de formation des médecins de 7 à 6 ans et une augmentation du nombre des facultés de médecine. Nous comptons répondre au critère de l’Organisation mondiale de la santé qui fixe une moyenne de 2,5 médecins pour 1.000 habitants, alors que le ratio actuel est de 1,7 médecin pour 1.000 habitants»..
Selon Khalid Aït Taleb, pour l’heure, une centaine de médecins nationaux et étrangers ont regagné le Maroc pour y pratiquer la médecine. «Nous voulons également des investisseurs qui s’intéressent au développement de nos ressources humaines.»
Avant d’aborder d’autres sujets, le ministre de la Santé s’est attardé sur le chantier stratégique de l’élargissement de la protection sociale. Il a notamment précisé que la loi-cadre de ce projet assure une protection sociale «à tous les Marocains, quelle que soit leur situation sociale: démunis, salariés, libéraux, professionnels… Cette loi n’exclut personne.»
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Il faut rappeler que le chantier de généralisation de la protection sociale se concrétise à un rythme soutenu. Dans ce cadre, la généralisation de l’Assurance maladie obligatoire (AMO), qui figure parmi les piliers importants de ce chantier, touchera pas moins de 22 millions de bénéficiaires additionnels. Ces derniers accéderont ainsi à une assurance maladie qui couvre les frais de soins, de médicaments et d’hospitalisation. Vingt-neuf projets de loi ont été élaborés pour encadrer ce système.
Le ministre n’a pas non plus occulté le problème de la sélection des RAMEDistes, soit 9 millions de personnes, censées ne pas pouvoir s’acquitter de leurs cotisations à l’AMO. Il a livré un chiffre édifiant: «Nous avons trouvé chez les RAMEDistes quelque 900.000 personnes qui bénéficiaient de ce système alors qu’elles ont les moyens financiers nécessaires pour ne pas en profiter». Dans tous les cas, la sélection et l’adaptation des RAMEDistes pour intégrer l’AMO sont «évolutives pour que chacun puisse jouir de la couverture sociale», a-t-il indiqué.
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Khalid Aït Taleb a par ailleurs assuré que la multiplication des facultés de médecine privées est une bonne chose dans le cadre des reformes en vue: «Toutes les facultés de médecine privées doivent obligatoirement être dotées d’un hôpital ou d’une clinique en charge de la formation des futurs médecins. Elles sont néanmoins exemptées, les deux premières années, d’assurer ce type de formation pratique.»
Le ministre a aussi évoqué le nouveau sous-variant du Covid-19, Eris, indiquant que cette nouvelle forme «n’est pas aussi dangereuse que la Covid-19». Il a toutefois plaidé pour la vaccination.
Au sujet de ses liens de travail avec le chef du gouvernement, le ministre a évoqué la «très bonne entente et la coopération fructueuse» existant avec Aziz Akhannouch et l’ensemble de l’équipe gouvernementale.
Enfin, invité à répondre à certaines insinuations selon lesquelles des ministres auraient demandé à «partir», le ministre a qualifié ces propos de «ridicules», de «bavardage» et d’«insensés».