GMT+1: face aux manifestants, le gouvernement fait la sourde oreille

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Revue de presseKiosque360. Pour la troisième fois, les élèves sont descendus dans la rue pour protester contre l'heure d’été. Ils ne comptent pas regagner leurs classes tant que leurs revendications n’auront pas abouti. Le gouvernement ne veut rien entendre. Pour lui, pas question de revenir sur sa décision.

Le 09/11/2018 à 19h53

Les élèves investissent la rue un peu partout à travers le pays, pour protester contre le maintien de l'heure d'été. C’est «un soulèvement contre l’heure d’El Othmani », titre à ce propos le quotidien Assabah dans sa livraison du week-end des 10 et 11 novembre. «Les parents d’élèves et les responsables sont perdus, les écoliers boycottent les cours et c’est le désordre dans la rue», ajoute le journal. Ce qui est encore plus grave, poursuit le journal, c’est que les élèves ont décidé de continuer à boycotter les cours jusqu’à ce que le gouvernement revienne sur sa décision d’instaurer le GMT+1.

Bien plus, d’après Assabah, qui cite une responsable du Centre marocain de recherches sur l’école, ces perturbations engendrées par la nouvelle heure «vont continuer durant toute l’année scolaire». D’autant que dans le primaire, les séances ont été réduites de 15 mn, passant d’une heure à 45 mn, ajoute la même source. Dans le secondaire, la période de l’après-midi a été raccourcie d’une heure. Ce que ce responsable qualifie de discriminatoire et d’atteinte au principe d’égalité des chances. Et ce, en l’absence de mesures pédagogiques d’accompagnement. 

Selon le journal, la contestation des élèves est généralisée à tous les niveaux, primaire et secondaire et les élèves n'ont pas l'intention de céder. Entre-temps, quelques débordements ont été enregistrés ici et là nécessitant parfois l’intervention des forces de l’ordre. Au ministère de tutelle, c'est le cafouillage total: un horaire a d'abord été annoncé via une circulaire avant qu'une autre circulaire décrète la mise en place d'un horaire bien plus alambiqué, même après avoir discuté avec les parents d’élèves, pour finir par s’en remettre, via une troisième circulaire, aux walis des régions et aux académies pour fixer l’horaire à leur convenance.

De son côté, le chef du gouvernement ne compte pas revenir sur sa décision, rapporte pour sa part le quotidien Al Akhbar dans son numéro du week-end. Cependant, ajoute le quotidien, El Othmani insiste sur le fait que «le dialogue est toujours en cours avec les différents partenaires pour prendre toutes les dispositions nécessaires». En parlant de «partenaires», le chef du gouvernement fait référence aux «acteurs économiques et sociaux».

En attendant, son équipe est déjà mobilisée. Outre le ministère directement concerné, celui de la Fonction publique et le ministère de l’Education nationale, qui a déjà tenu des réunions avec les parents d’élèves, voici que le ministère de l’Intérieur entre, à son tour, en jeu, rapporte le journal.

Ainsi, à Casablanca-Settat, mais également dans d’autres régions, les walis ont tenu des rencontres avec, entre autres, les responsables des académies régionales, les syndicats et représentants des enseignants ainsi que toutes les parties concernées. Notons que certaines académies ont annoncé leurs propres horaires dès vendredi. Pendant ce temps, relève Al Akhbar, les élèves ont continué à manifester dans la rue pour la troisième journée à travers le pays.

Finalement, le porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, a nié l'influence de la nouvelle heure sur le système scolaire, écrit, de son côté, le quotidien Al Massae dans son édition des 10 et 11 novembre. «Nous ne sommes pas contre le peuple», insiste-t-il, soulignant que «le problème se poserait si les horaires scolaires n’avaient pas été révisés».

Selon lui, l’horaire de l’école n’a pas été impacté par le passage permanent au GMT+1. «Nous avons tenu compte des intérêts des 7 millions d’écoliers, ce qui représente près d’un citoyen sur quatre, et nous avons opté pour un aménagement de l’horaire scolaire qui prend en compte leur besoins en heures de sommeil et leur donne suffisamment de temps pour prendre leurs repas».

De toutes les manières, relève le quotidien, et comme précisé plus haut, le dialogue reste ouvert et selon le chef du gouvernement, un mécanisme de suivi sera créé. A terme, assure le chef du gouvernement cité par Al Massae, ce mécanisme sera institutionnalisé parce que le gouvernement «voudrait continuer à suivre et évaluer cette décision tout en continuant à mettre en place des mesures d’accompagnement en concertation avec les citoyens et les entreprises».

Par Amyne Asmlal
Le 09/11/2018 à 19h53