Panique parmi plusieurs responsables de la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales d’Agadir, après l’arrestation du coordinateur du master «Système pénal et gouvernance sécuritaire», Ahmed Kilech.
L’enquête, avec ce dernier, sur les conditions dans lesquelles des candidats ont obtenu leurs diplômes pourrait donner lieu à des révélations impliquant ces responsables, ainsi que des bénéficiaires. C’est ce que rapporte Al Akhbar dans son édition du lundi 19 mai.
Le quotidien cite des sources informées, selon lesquelles l’administration de la faculté se retrouve actuellement dans une situation très délicate, à cause de cette affaire, en particulier en cette période de corrections des examens.
D’après ces sources, plusieurs responsables et anciens responsables de la faculté commencent en effet à s’inquiéter, et cela est particulièrement visible auprès d’une partie de ceux qui ont exercé des fonctions au sein de l’établissement depuis l’arrivée du professeur arrêté.
Al Akhbar ajoute que les craintes se sont également propagées à plusieurs personnes impliquées dans les recrutements des enseignants chargés des cours à la faculté.
Elles auraient peur que la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) enquête sur les détails de ces recrutements, en comparant les dossiers administratifs, pédagogiques et scientifiques des candidats avec ceux des personnes sélectionnées.
Cela pourrait impliquer, précise le quotidien, d’autres personnes, surtout au vu des rumeurs persistantes selon lesquelles certains postes auraient été attribués sur la base de relations douteuses, telles que des liens de parenté, d’appartenance politique ou d’autres intérêts personnels.
Des rumeurs ont également fait état de postes qui auraient été taillés sur mesure pour certains candidats.
Depuis l’arrestation du professeur mis en cause, des audits ont été lancés au sein de la faculté concernant les procès-verbaux de sélection pour l’accès au master «Système pénal et gouvernance sécuritaire».
L’objectif est de vérifier si les étudiants admis remplissaient bien les conditions requises, et si certains n’ont pas accédé au master sans avoir passé les examens d’entrée.
L’enquête porte également sur les notes obtenues dans chaque matière par les étudiants et sur les signatures des membres des jurys.
Même si les sources d’Al Akhbar affirment que l’aspect administratif de l’admission au master est rigoureusement encadré via une plateforme numérique, les commissions pédagogiques qui ont signé les procès-verbaux d’admission et de réussite, ainsi que l’administration de la faculté, se retrouvent tout de même dans l’embarras.
L’accès à ce master est en principe conditionné par certaines exigences, notamment le passage des étapes de présélection, des épreuves écrites et orales, ce qui n’aurait pas été le cas pour certains bénéficiaires, dont les noms sont pourtant apparus sur les listes des admis.
De plus, ajoute le quotidien, la formation en master exige une présence régulière aux cours, et plus de trois absences non justifiées devraient entraîner l’exclusion. Or, plusieurs bénéficiaires de ce master —parmi lesquels des juges, avocats, agents de sécurité, présidents de collectivités locales, élus et personnalités influentes ou leurs proches— n’auraient jamais assisté aux cours, sans que les mesures réglementaires soient appliquées à leur encontre.
Les mêmes sources citées par la publication rappellent que l’enquête judiciaire menée par le juge d’instruction près le tribunal des crimes financiers de Marrakech se déroule dans une grande confidentialité, sans aucune fuite d’informations.
Ces mêmes sources ont révélé que le recours à la Brigade nationale de la police judiciaire et le transfert du dossier à la Cour d’appel de Marrakech visaient justement à empêcher toute tentative d’influence dans cette affaire qui n’a pas encore révélé tous ses contours.








