La gestion de la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges (Fiviar), dont les membres du conseil d’administration doivent tenir, ce mercredi 27 février 2024, leur première réunion après l’arrestation de leur président, M’Hammed Karimine, pose visiblement problème.
L’annonce de quatre réunions, qui leur permettront d’éplucher les comptes des exercices pour 2021, 2022 et 2023, entraîne une série d’interrogations sur ceux des années 2017, 2018, 2019 et 2020, pour lesquels les réunions n’ont pas encore été tenues.
Autre sujet d’interrogations: le sort dévolu aux rapports financiers, qui traitent de la comptabilité des exercices et font l’objet de ces suspicions.
L’annonce de cette session extraordinaire, qui devrait être suivie de trois sessions ordinaires ayant trait à la comptabilité des exercices des années 2021, 2022 et 2023, entraîne en effet un certain nombre d’interrogations, tout particulièrement sur le manque de documents concernant les rapports financiers.
Les questionnements des membres du conseil d’administration de cette instance interprofessionnelle portent aussi sur le sort des sessions relatives aux exercices des années 2017, 2018, 2019 et 2020 et sur les rapports financiers qui auraient dû être émis à cette occasion.
Ces interrogations interviennent alors même que, selon des informations recueillies par Al Akhbar de ce mardi 27 février 2024, M’Hammed Karimine, président de la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges (Fiviar), «communiquait de faux chiffres au ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts».
Le quotidien rappelle, à ce propos, des déclarations de Mohammed Sadiki, le ministre en charge de ce département, qui avait déclaré, en se fondant sur des statistiques livrées par la Fiviar, que «la production de viandes rouges avait atteint plus de 600.000 tonnes en 2019», et qui avait aussi expliqué que «la crise actuelle avait été provoquée par l’interruption du programme d’insémination artificielle [du bétail] au cours de la période du Covid-19, en 2020».
Or, rétorque Al Akhbar, «la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges (Fiviar) a réalisé en 2020 environ 180.000 opérations d’insémination artificielle dans différentes régions du Maroc, [enregistrant donc] une baisse de 18% seulement comparativement aux cinq années précédentes».
Autant dire que la baisse de ce taux n’est «pas proportionnelle à l’ampleur de cette crise», explique le quotidien qui précise que «les opérations d’insémination artificielle ont permis de générer la somme de 14 millions de dirhams en 2020 (avec l’équivalent de 180.000 opérations), 13 millions de dirhams en 2021 (pour 164.000 opérations) et 10 millions de dirhams en 2022 (pour 134.000 opérations au total)».
L’ensemble de ces statistiques (et d’autres dépenses) seront examinées et validées lors des sessions ordinaires que tiendront les membres du conseil d’administration de la Fiviar, ce mercredi, ce qui entraîne une autre série d’interrogations.
En effet, dans un courrier adressé à Mohammed Sadiki, ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, «Akbouche Nouri, membre du conseil d’administration de la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges (Fiviar), a soulevé l’illégalité des sessions relatives aux années 2021, 2022 et 2023». Il a dénoncé le fait qu’aucune réunion du conseil d’administration n’avait été tenue à ces périodes, et qu’aucun ordre du jour n’avait été arrêté, «surtout que des amendements étaient prévus, en plus de l’approbation de l’adhésion de nouvelles associations» à la Fiviar.
Dans cette lettre adressée à Mohammed Sadiki, Akbouche Nouri déclare aussi avoir remarqué «des irrégularités dans la gestion de la Fiviar», en dénonce «le manque de transparence et de bonne gouvernance», évoque ses «soupçons» sur des faits de corruption dont certains, écrit Al Akhbar, se retrouvent «aujourd’hui entre les mains des enquêteurs» et dans «le circuit de la justice».