Fès: le dépôt mortuaire de l’hôpital Al Ghassani au cœur d’un scandale sanitaire

Chambre mortuaire dans une morgue. . DR

Revue de presseÀ Fès, le dépôt mortuaire de l’hôpital Al Ghassani fait face à une situation alarmante. Manque de réfrigérateurs, corps entassés et odeurs insoutenables: des élus locaux dénoncent des conditions indignes et une gestion défaillante. Le sujet, désormais porté jusqu’au Parlement, met en lumière la crise silencieuse des morgues publiques au Maroc. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Assabah.

Le 29/10/2025 à 19h16

Le dépôt mortuaire de l’hôpital Al Ghassani à Fès traverse une crise préoccupante. Des dysfonctionnements graves affectent les conditions de conservation des dépouilles en attente d’autopsie, faute de réfrigérateurs en nombre suffisant et du fait de la dégradation de ceux déjà existants, alerte le quotidien Assabah dans son édition de ce jeudi 30 octobre. Ces défaillances entraînent parfois la putréfaction des corps, provoquant l’indignation d’acteurs locaux et soulevant un débat jusque dans les instances communales et parlementaires.

Lors de la session d’octobre du Conseil communal, le conseiller Ali Abou Mehdi, membre du Front des forces démocratiques, a tiré la sonnette d’alarme. Il a dénoncé un état d’abandon total des corps, parfois infestés de vers en raison du manque de chambres froides, rapporte Assabah. Il a invité le maire et sa majorité à effectuer une visite sur place pour constater de leurs propres yeux les conditions indignes dans lesquelles sont conservés les défunts, ainsi que la détresse des familles contraintes d’attendre pendant des heures sans aucun espace de repos.

«Les morts dégagent une odeur insupportable, j’y suis entré moi-même. On ne peut même pas respirer, c’est comme si nous étions dans une boucherie», a-t-il déclaré. Les corps sont entassés les uns sur les autres, «comme des bêtes», a-t-il ajouté.

Une autre conseillère municipale a confirmé cette situation alarmante. Elle a rappelé que le dépôt actuel, construit il y a une dizaine d’années après la fermeture de l’ancien, souffre des mêmes problèmes d’entretien et d’organisation. L’hôpital universitaire de Fès ne dispose toujours pas de sa propre morgue, obligeant les corps à être transférés vers Al Ghassani pour autopsie ou conservation, en attendant leur remise aux familles, a-t-on lu. Elle a évoqué le cas d’une victime d’accident de la route, restée sans prise en charge toute une nuit à l’hôpital Hassan II: son corps a été retrouvé en état de décomposition avancée au matin. Elle a plaidé pour la création d’un dépôt mortuaire moderne au sein de l’hôpital universitaire.

Face à l’ampleur de la polémique, la députée Khadija El Hajjoubi, du Parti authenticité et modernité (PAM), a interpellé par écrit le ministre de la Santé et de la Protection sociale, indique Assabah. Elle lui a demandé quelles mesures urgentes le ministère comptait mettre en œuvre pour réhabiliter les morgues du pays, en particulier celle de Fès, et garantir une gestion rigoureuse et humaine de ces espaces.

La parlementaire a souligné que la morgue de l’hôpital Al Ghassani manquait cruellement d’équipements essentiels pour la conservation des corps, alors même qu’elle reçoit quotidiennement un grand nombre de dépouilles provenant de divers établissements de la ville et de la région. Cette situation, selon elle, accentue la souffrance des familles endeuillées et nourrit un sentiment d’indignation généralisée, malgré les efforts des autorités locales.

Pour sa part, le maire de Fès, Abdelssalam El Bekkali, a rappelé que lors de l’ouverture du centre hospitalier universitaire en 2008, la morgue n’était pas encore opérationnelle. C’est la commune, a-t-il précisé, qui avait construit un nouveau dépôt mortuaire au sein de l’hôpital Al Ghassani en 2014. Il a reconnu l’existence de «certaines défaillances» dans la gestion de ces infrastructures, mais a nié toute présence de corps en état de décomposition ou infestés de vers, contredisant ainsi les affirmations du conseiller du Front des forces démocratiques.

Le dépôt mortuaire de l’hôpital Al Ghassani reste à ce jour le seul établissement de ce type à Fès. Il accueille également les corps en provenance d’autres provinces de la région, ce qui accentue la pression quotidienne sur ses installations déjà vétustes. Une situation jugée «indigne d’un établissement de santé de référence», selon les mots de la députée El Hajjoubi, qui a appelé à une intervention urgente du ministère de la Santé.

Par La Rédaction
Le 29/10/2025 à 19h16