L’or brille plus que jamais sur les marchés internationaux. Pour la première fois de son histoire, son prix a dépassé 3.000 dollars l’once, enregistrant une hausse de 844 dollars en quelques mois. Ce bond spectaculaire est lié à un engouement grandissant des investisseurs et des institutions financières pour ce métal précieux, perçu comme un rempart contre les turbulences économiques et géopolitiques actuelles.
Au Maroc, cette hausse s’est traduite par un envol des prix. Le gramme d’or 18 carats, qui s’échangeait à environ 600 dirhams il y a quelques mois, a dépassé la barre des 700 dirhams. Cet écart avec les prix mondiaux, compris entre 80 et 90 dirhams, s’explique par les coûts d’importation, la fiscalité et la marge commerciale. Ainsi, le gramme d’or atteint en moyenne 850 dirhams, pouvant grimper à plus de 1.000 dirhams selon le modèle.
Pour être plus précis, le prix du gramme d’or au Maroc est aujourd’hui de 935.02 dirhams pour le 24 carats, 857.03 dirhams pour le 22 carats, et 701.04 dirhams pour le 18 carats, tandis que le 14 carats est désormais à 545.57 dirhams. Et les professionnels du secteur anticipent une poursuite de cette tendance jusqu’à 10% de hausse. «L’année 2025 pourrait voir les prix mondiaux dépasser les 3.000 dollars l’once, ce qui ferait franchir au gramme d’or au Maroc le seuil des 1.000 dirhams», déclare Khaled Essanhaji, président de l’Association professionnelle des bijoutiers et joailliers de la région de Fès. «Cette hausse est la conséquence de mutations économiques profondes et des nouvelles habitudes nées de la crise du Covid-19», ajoute-t-il.
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Pour de nombreux Marocains, l’or reste un actif à forte valeur culturelle et économique. «Ce n’est pas seulement un placement financier, c’est aussi une réserve de sécurité, notamment pour les femmes, qui y voient une épargne fiable en cas de difficultés», explique Omar El Hajouji, bijoutier à Fès. Toutefois, la flambée des prix provoque des comportements contrastés. «Certains clients profitent des prix actuels pour revendre leurs bijoux, tandis que d’autres misent sur une nouvelle hausse et achètent encore plus d’or», confirme-t-il.
«Contrairement aux autres matières premières, l’or ne suit pas de logique saisonnière. Son prix réagit surtout aux crises et aux politiques monétaires», explique Anwar Daoudi, un autre bijoutier. «Nous avons déjà vu des hausses spectaculaires par le passé: en 2005, le gramme valait 85 dirhams, puis il est monté à 355 dirhams en 2012. Depuis la crise du Covid, il fluctue entre 700 et 900 dirhams», détaille-t-il.
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Toutefois, la demande locale s’essouffle en raison du pouvoir d’achat limité. «L’achat de bijoux anciens ou d’occasion ne représente qu’une infime partie du marché. La majorité des clients préfèrent les pièces modernes, même si leur prix dépasse 930 dirhams par gramme», explique Daoudi.
Et pendant que l’or s’envole, les autres métaux précieux, eux, enregistrent une baisse. L’argent a reculé de 0,2%, à 33,97 dollars l’once, le platine a perdu 0,4%, à 992,85 dollars, et le palladium a cédé 0,1%, à 966,24 dollars.
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