Exclusif. Benhachem décide de fermer la prison de Zaki

Le360

Détenus salafistes, conditions de détention, gestion des prisons... les réponses du délégué de l’Administration pénitentiaire et de l'insertion.

Le 16/06/2013 à 10h17, mis à jour le 16/06/2013 à 10h59

Les 500 salafistes détenus actuellement en prison ne bénéficieront désormais plus de privilège et seront traités de la même manière que les 70.000 autres prisonniers de droit commun formant la totalité de la population carcérale du Maroc, a déclaré à Le360 Hafid Benhachem, délégué de l’Administration pénitentiaire et de l'insertion. "Ils sont capricieux. Ils créent des bagarres à l’intérieur des prisons tout simplement parce que l’administration pénitentiaire refuse le chantage et la pression", a martelé cet homme qui fait face à de vives "critiques" pour sa gestion jugée "rigoriste" des prisons.

Pour Benhachem, les "salafistes n’auront désormais plus la main sur les prisons. Ils sont en détention parce qu’ils ont été condamnés pour des faits avérés liés à la violence, à la terreur et au terrorisme". Selon des sources judiciaires contactées par Le360, les détenus islamistes auraient à une période imposé leur "mode de vie" en prison avant que l’administration des prisons ne se soit détachée du ministère de la Justice pour être mise sous la tutelle du Premier ministre. Ces prisonniers islamistes avaient "le privilège, selon ces sources, de préparer les repas dans leurs propres cellules, de prolonger à leur guise la durée des promenades et d’imposer le transfert et la mobilité des codétenus vers d’autres prisons préférées".

"Je continuerai à travailler en respectant les droits humains et la dignité des personnes. Mais, je ne tolèrerai plus de privilège", poursuit Benhachem avant de laisser entrevoir un signe d’irritation lorsqu’on lui demande de s’exprimer sur le "qualificatif de détenu politique" qu’attribuent des parties aux détenus islamistes : "Il n’a y aucun détenu politique dans les prisons marocains", nous lance-t-il. "Dans la loi et les textes juridiques du royaume, on ne trouve nul part ce qualificatif de détenu politique. Dans nos prisons, nous avons des gens qui ont commis des délits et des crimes de droit commun. Des gens qui ont tué et qui ont voulu commettre des attaques terroristes", a-t-il tenu à souligner.

14 nouvelles prisons aux normes internationales

Répondant aux critiques liées aux mauvaises conditions de détention, Hafid Benhachem a affirmé que son administration est en train d’achever la construction de 14 nouvelles prisons qui "répondent aux normes internationales". "J’ai également décidé de fermer la grande prison de Zaki qui accueille actuellement quelques 3.000 détenus", poursuivi-t-il, expliquant que les motifs de cette fermeture étaient liés à sa proximité avec la population et l’aéroport civil et militaire de Rabat-Salé.

Outre les détenus islamistes, les mouvements de protestations sont l’œuvre parfois des détenus marocains ayant la double nationalité. Selon le patron des prisons, "les détenus d’origine marocaine bénéficiant d’une seconde nationalité étrangère sont considérés par la loi marocaine comme étant des ressortissants marocains à part entière". En prison, tous les droits que leur confère la loi marocaine sont respectés en qualité de leur citoyenneté marocaine". Benhachem a par ailleurs catégoriquement démenti les propos de certains détenus selon lesquels il existeraient un centre de "détention secret" au Maroc en particulier à Témara. "A part les geôles que réservent la police et la gendarmerie pour leurs gardes à vue, il n’y a pas d’autre prison au Maroc qui échappe à la loi", a affirmé cet ancien Directeur général de la sûreté nationale.

Le délégué de l’Administration pénitentiaire s’est d’autre part félicité d’avoir amélioré le statut de son personnel chiffré à 9.000 fonctionnaires. "J’ai revalorisé les salaires. Un simple agent touche dès son recrutement environ 4.000 dirhams, sans compter les primes", a-t-il dit. Quand au budget de fonctionnement de ses prisons, Hafid Benhachem a fait savoir que la prime de nourriture pour les détenus "a triplé depuis 2012". "Je distribue quotidiennement trois pains pour chaque détenu. La viande ou le poulet sont servis trois fois par semaine", a-t-il assuré.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 16/06/2013 à 10h17, mis à jour le 16/06/2013 à 10h59