La police espagnole a interpellé, jeudi à Majorque, deux hommes d’affaires espagnols travaillant dans le secteur agricole pour traite d’êtres humains.
Selon le quotidien Assabah, qui rapporte l’information dans son édition du week-end des 31 août et 1er septembre, les deux chefs d’entreprise sont accusés de collusion avec un groupe d’intermédiaires, basés au Maroc, qui exploitent financièrement et dans le cadre d’un réseau criminel organisé, des Marocains désireux de se rendre en Espagne.
Citant des sources policières espagnoles, le quotidien souligne que les membres de ce réseau, répartis entre les deux pays, imposent aux futurs travailleurs de leur verser des sommes allant de 15.000 à 22.000 euros pour leur délivrer des contrats de travail qui leur permettront d’entrer légalement en Espagne. Une fois sur place, ils sont soumis à des travaux forcés, pénibles et sous-payés dans des exploitations agricoles.
Cette activité criminelle va bien au-delà, note le quotidien. Des investigations menées avant ces arrestations démontrent que les chefs d’entreprise en question sont également impliqués dans la vente de faux contrats de travail, contre des sommes allant de 6.000 à 8.000 euros, à des ressortissants marocains vivant illégalement en Espagne.
Ces documents, explique le quotidien, permettent à ces derniers de constituer leur dossier de demande de régularisation. D’après l’enquête, poursuit Assabah, au moins 26 personnes ont pu décrocher leur permis de résidence en ayant recours aux services de ce réseau.
Ces personnes, une fois obtenu leur titre de séjour, restent redevables envers les membres du réseau et sont dans l’obligation de régler leur dette. Pour ce faire, ils sont mis au travail forcé et obligés à travailler dans des conditions dégradantes qui sont contraires à la législation espagnole du travail. Ils sont proposés, par les membres du réseau, comme main d’œuvre bon marché à des exploitants agricoles contre une commission de l’ordre de 30.000 dirhams.
Après la conclusion de l’enquête, poursuit le quotidien, la police a procédé à l’arrestation des deux chefs d’entreprise accusés de traite d’êtres humains, exploitation des travailleurs émigrés et facilitation de l’émigration clandestine. Les investigations se poursuivent, souligne le quotidien, pour interpeller d’autres membres de ce réseau.