Selon une récente enquête réalisée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) portant sur la prévalence de la violence subie par les hommes dans les différents espaces de vie, plus de 42% d’entre eux ont subi au moins un acte de violence au cours des 12 mois précédant la réalisation de cette enquête. En découvrant les résultats de l’enquête réalisée par le HCP, le sang des membres de l’Association démocratique des Femmes du Maroc (ADFM) n’a fait qu’un tour. C’est même avec «consternation», expliquent-elles dans un communiqué, qu’elles disent avoir pris connaissance de ces données.
Pour ces militantes féministes de longue date, cette enquête pose problème à plus d’un titre, et bien que le but de cette enquête ne soit pas, selon le HCP, de «minimiser les violences endurées par les femmes, mais plutôt d’apporter plus d’éclairage au phénomène social de la violence dans son aspect bidimensionnel, et d’élargir son appréhension du côté des victimes et des auteurs dans leur double source féminine et masculine», celles-ci ne l'entendent pas de cette oreille. Elles jugent en effet que l’enquête donne à voir des «résultats (qui) font du Maroc une exception mondiale où la prévalence de la violence subie par les hommes est semblable, voire dépasse même celle faites aux femmes!», ironisent-elles, indignées.
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Et de contester la méthodologie employée par le HCP qui a eu recours, soulignent-elles, «à des concepts, typologies et formes inscrites universellement dans le champ d’étude du phénomène de violence faites aux femmes pour mesurer ce qui est appelé ‘la violence subie par les hommes’».
Et cela, estime l’ADFM dans son communiqué, est tout bonnement «irrecevable sur les plans scientifique et méthodologique au vu du consensus mondial reconnaissant la violence envers les femmes comme une violation des droits de l’Homme, une discrimination pour motif de sexe et une atteinte à leur liberté et dignité». Du point de vue des militantes, «il est inconcevable d’appréhender les violences fondées sur le genre au même tire et de la même manière que toutes les autres violences».
La non-appréhension des violences, telles qu’universellement reconnues, a ainsi pour conséquences «d’ériger de simples conflits/désaccords conjugaux, en actes de violence à l’encontre des hommes», expliquent ainsi les membres de l’ADFM, qui prennent pour exemple les cas de figures pour le moins surprenants cités par le HCP dans son enquête: «le refus de la partenaire de parler à son conjoint pendant plusieurs jours»; ou les manifestations de colère ou de jalousie de la part de la femme lorsque «son partenaire parle à une autre femme», ou encore, le fait «d’insister de manière exagérée pour savoir où le mari se trouve»…
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Pour les féministes marocaines, c’en est trop! Celles-ci interpellent ainsi le HCP afin que celui-ci revoie sa copie, et en l’occurrence sa «définition des violences, notamment, celles considérées par les hommes comme par les femmes comme étant des ‘violences psychologiques’».
«Il en va de la crédibilité et de la notoriété de l’institution statistique nationale et de ses productions actuelles et futures», conclut le communiqué, qui invite le HCP à apporter les éléments expliquant les raisons ayant présidé à une telle étude, et à compléter ces résultats par les analyses nécessaires à leur compréhension, en faisant une comparaison conceptuelle entre ce que veut dire le terme «violence» et sa perception par les deux sexes.