En l’espace de trois décennies, de 1988 à 2017, pas plus de 45.911 publications ont été dénombrées au Maroc. Dans le détail, 4.698 publications ont été produites entre 1988 et 1997, contre 12.333 pendant la période allant de 1998 à 2007 et 28.880 entre 2008 et 2017, selon les derniers chiffres révélés par le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS).
D'après le nouveau rapport du Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique sur la recherche scientifique et technologique au Maroc, la croissance entre la première décennie (88-97) et la deuxième (98-07) est plus importante, puisqu'elle a augmenté de près de 163% alors que celle entre la deuxième décennie et la dernière (2008-2017) s'est établie à environ 134%.
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Cette production est certes en évolution et en croissance des disciplines qui émergent, mais elle demeure faible par rapport à des pays émergents. Elle ne mobilise pas tout son potentiel humain, toujours selon le CSEFRS.
Par discipline, les sciences de la santé (recherche biomédicale, médecine clinique et santé), la physique et les sciences humaines et sociales maintiennent leur poids tout au long des trois décennies. La part des publications indexées en sciences humaines et sociales dans l'ensemble de la production ne représente, par ailleurs, que 1,6% en 2017 et 1,38% durant la période 1988-2017.
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Pour ce qui est de la langue de publication indexée, le CSEFRS fait état de la primauté de l’anglais. En effet, entre 2008 et 2017, près de 9 publications sur 10 le sont dans cette langue. Même si le français est la langue d'enseignement dans presque tous les niveaux et les disciplines de l'enseignement supérieur au Maroc, seuls 13,5% des publications du Maroc durant la décennie 2008-2017 sont produites en français.
La non-maîtrise de l'anglais fait qu'il y a une contrainte et une hésitation de certains chercheurs, une renonciation à publier leurs travaux et résultats dans des revues indexées.
Quant à la proportion des auteures-femmes au Maroc, elle ne dépasse pas 23,7% alors qu'elle est d'environ 30% au niveau mondial. Par discipline, la plus grande présence d'auteures-femmes est constatée dans les sciences de la santé alors que la plus faible est observée dans le domaine des sciences humaines et sociales, avec à peine 12,5%.
En ce qui concerne la production scientifique indexée, elle est d’un peu plus d'un article toutes les deux années par enseignant-chercheur (0,54 par an). La moyenne nationale universitaire se situe, par contre, à seulement 0,37 publication par enseignant-chercheur par année.
Cette moyenne baisse même à 0,22 publication par enseignant-chercheur par année. Cette faible productivité est corroborée par des résultats du CNRST en 2018, lesquels montrent que la productivité moyenne des 12 universités se situe à 0,47 publication par enseignant-chercheur par année.
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Par ailleurs, la part des articles co-signés avec des auteurs étrangers (en co-publication) dans le total des articles représentait environ les deux tiers environ (63%) en 2017. Selon le CSEFRS, la collaboration internationale demeure un vecteur essentiel pour la visibilité et la qualité de la production scientifique.
En effet, les données sur l'évolution entre 2000 et 2016 révèlent que les articles en collaboration à la fois nationale et internationale ont une moyenne d'impact (nombre moyen de citations) de 1,5 contre une moyenne de 0,4 seulement pour les articles sans collaboration du tout ou avec une collaboration nationale exclusivement.
Pour ce qui est des défis liés au système de recherche au Maroc, le CSEFRS fait observer un manque de socialisation à la recherche et à la culture scientifique au primaire, d’où l’importance d’inclure un esprit de recherche dès le plus jeune âge, en faisant travailler les élèves sur des projets. La problématique de financement est aussi importante. Il est ainsi crucial de développer la capacité inventive marocaine et d’augmenter et de rationaliser les financements liés aux recherches, en s’inspirant des expériences internationales.
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Ce rapport sectoriel du CSEFRS a un triple objectif. Il s’agit, d’abord, de fournir un panorama du système de recherche scientifique au Maroc et de son potentiel, deuxièmement, d'accorder à la recherche scientifique son rôle comme vecteur de développement du pays, et enfin, de mieux éclairer la mise en œuvre de la loi-cadre n°51- 17, promulguée en août 2019, concernant le système d’éducation, de formation et de recherche scientifique.
Cette évaluation présente une analyse évaluative du système de recherche scientifique et identifie les principales tendances, à travers une comparaison avec quelques pays émergents, en se focalisant sur les différentes dimensions, à savoir la gouvernance, la stratégie, le potentiel humain, l’organisation en structures de recherche et la production scientifique, entre autres.