Selon les résultats d’une étude récente de la HCP, menée en partenariat avec ONU Femmes, financée par l’Union européenne et fondée sur les données de l’enquête nationale sur la violence à l’égard des femmes,71% des adolescentes âgées de 15 à 19 ans ont subi au moins une forme de violence.
Ce taux dépasse largement celui enregistré chez les femmes adultes, estimé à 55,8% pour les femmes âgées de 20 à 74 ans, et à 57,1% pour celles âgées de moins de 50 ans, relate le quotidien Al Ahdath Al Maghribia, dans son édition de ce mercredi 9 juillet.
Le violence dite «intime», qu’elle soit physique, psychologique ou sexuelle, touche près de 59% des adolescentes, contre 43,6% chez les femmes majeures.
Le phénomène est encore plus marqué en milieu urbain.
Quelque 75,1% des jeunes filles vivant en ville déclarent avoir été exposées à la violence, contre 64,3% en milieu rural.
L’étude pointe également la famille comme principal foyer de violence: 59,4% des adolescentes disent avoir subi des violences dans le cercle familial.
Dans près d’un cas sur deux (49,3%), les actes sont perpétrés en dehors du cadre conjugal ou intime, avec les pères et frères en tête des agresseurs identifiés.
Les adolescentes ne sont pas davantage en sécurité dans les établissements scolaires ou de formation.
Près de 25,3% des lycéennes et étudiantes ont déclaré avoir été victimes de violences dans le cadre éducatif, un chiffre qui grimpe à 34,9% en milieu rural contre 22,8% en milieu urbain, indique Al Ahdath Al Maghribia.
De manière plus générale, 67,6% des adolescentes marocaines estiment que la violence à l’encontre des femmes s’est intensifiée et élargie ces dernières années.
Ce sentiment est plus prononcé en milieu urbain (70,4%) qu’en zone rurale (63,4%).
Le violence psychologique arrive largement en tête, avec 61,1% des adolescentes interrogées (soit près de 719.000 filles) affirmant en avoir été victimes.
Suivent la violence numérique (29,4%), la violence sexuelle (23,3%), la violence physique (17,1%) et la violence économique (9,1%).
Même les relations amoureuses, censées être source de soutien, ne sont pas épargnées.
Ainsi, 60,3% des adolescentes ont subi une forme de violence dans le cadre de leur relation au cours de la dernière année, que ce soit en ville ou à la campagne.
Au-delà des souffrances humaines, l’exclusion des femmes rurales, souvent exacerbée par la violence, a aussi un coût économique.
Selon l’étude, le faible investissement dans le potentiel des femmes rurales se traduit par une perte estimée à 25,3 milliards de dirhams, soit 2,2% du PIB national.
En cause, le travail non rémunéré, l’accès limité à la propriété, au financement, aux soins et à l’éducation.
Ces résultats illustrent l’ampleur des défis que le Royaume doit relever pour protéger ses adolescentes et, plus largement, promouvoir l’égalité réelle entre les sexes.
L’arsenal législatif, bien que renforcé ces dernières années, reste visiblement insuffisant face à des réalités sociales encore profondément marquées par des inégalités et des violences normalisées.








