Discussions, échanges, partages de regards et d’expériences... La quatrième édition du Ciné-psy Maroc a surtout été l’occasion de réunir des psychiatres, des psychothérapeutes, des psychalaystes mais aussi des psychologues, ainsi que bien entendu des personnes indirectement ou directement touchées par la dépression nerveuse.
A la même occasion, des films, longs et courts, essentiellement des documentaires mais aussi des fictions ont été projetés et débattus en accès libre lors de cet évènement. Les familles de patients, souvent exclues des débats, ont également eu l’occasion de s’exprimer et de partager leur expérience.
«Beaucoup de personnes qui nous semblaient fortes mentalement se sont effondrées à cause de la crise sanitaire, nous avons diagnostiqué beaucoup de cas de dépression ces deux dernières années. C’était donc pour nous une évidence de parler de cette maladie qui a un impact très négatif sur la vie de l’individu et de son entourage mais qui reste encore méconnue du grand public», explique Bouchra Benizza, fondatrice de cet manifestation, psychothérapeute et art-thérapeute au Centre psychiatrique universitaire Ibn Rochd de Casablanca.
Sujet encore tabou dans la société marocaine, la dépression nerveuse n’est pas considérée comme une pathologie à part entière, ou encore comme un véritable obstacle au bien-être de la personne et de la société. Toutefois, ces deux années de crise sanitaire et leur lot de restrictions ont fait sombrer plusieurs personnes dans la dépression nerveuse. D’où l’urgence de sensibiliser sur l’impact de ce trouble psychologique, qui devrait être mieux pris en charge.
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Interrogé par Le360, le professeur Driss Moussaoui, président de la Fédération internationale de psychothérapie insiste néanmoins sur la nécessité de bien définir les causes de la maladie pour une meilleure prise en charge des patients, dans un environnement où la maladie mentale ne bénéficie toujours pas d’un regard bienveillant et intéressé de la société, et surtout débarrassé des tabous.
«Ce n’est pas le Covid qui a engendré la dépression, la maladie a toujours existé et les mois de confinement et de crise n’ont fait qu’accentuer le problème dans notre société. Il ne faut donc pas penser que si la pandémie disparaît la dépression aussi. 26,5% des Marocains souffrent de ce trouble psychologique qu’il faut prendre au sérieux pour optimiser la prise en charge des patients», précise-t-il.