Il y a quelques années, la criminalité urbaine a pris une telle ampleur que les Marocains ont trouvé un mot pour désigner ce phénomène: le «tchermil». Les images des jeunes délinquants, armés d’un long et imposant coutelas, sont encore présentes dans les esprits.
Le phénomène a été endigué grâce aux efforts des services de sécurité, constate le quotidien Al Akhbar dans l’édito de son numéro du week-end des 7 et 8 septembre.
Aujourd’hui, poursuit l’éditorialiste, nous faisons face à une nouvelle délinquance, électronique cette fois. Le «tchermil virtuel», avec en lieu et place des longs coutelas et des épées artisanales, des sites électroniques, des pages Facebook, des plateformes comme TikTok où pullulent des repris de justice et des «spécialistes» du chantage, de l’escroquerie et de la sextorsion.
«Nous sommes confrontés à un phénomène à la fois étrange et complexe, qui s’est compliqué en raison de l’absence de stratégie proactive et de dissuasion. Ce phénomène est lié à l’utilisation de l’arme éditoriale sur les plateformes et les réseaux sociaux ouverts à tous, sans restriction ni censure. Ce qui a permis à des personnes ayant déjà eu des démêlés avec la justice, des chômeurs ou des retraités, de se convertir en snipers virtuels», écrit l’éditorialiste.
Et de poursuivre, «les balles qu’ils tirent sur leurs victimes sont des posts publiés ici et là, de la diffamation et du chantage. Peu importe le poste occupé par leurs victimes, sa sensibilité ou la symbolique que représente la fonction. La plupart du temps, ce n’est pas la personne qui est visée, mais ce que symbolise le poste qu’elle occupe, tout cela pour des revenus financiers indexés à la nature de l’agenda qu’ils servent ou tout simplement pour régler des comptes personnels».
Pour l’éditorialiste, nous sommes confrontés à «une réalité choquante qui consiste à intimider les gens, à souiller leur honneur et même à ressusciter des querelles tribales révolues sur les réseaux sociaux, à porter de lourdes accusations en public sur les services et les institutions publiques sensibles, sur les membres des forces publiques, les journalistes et les magistrats, sans se soucier de quoi que ce soit, en se vantant devant leur auditoire du nombre de plaintes et des sanctions légales auxquelles l’on a échappées».
C’est tout à fait logique, souligne l’éditorialiste, que certains aient estimé que la seule manière de mettre fin à ce «chaos», c’est l’adoption d’une législation plus stricte et plus répressive.
Mais, estime-t-il, nous ne manquons pas de recours judiciaire à même de sévir contre ce phénomène, pourvu que la justice se montre plus stricte. Car tout le monde sait faire la différence entre la liberté d’expression et la diffamation.