La mort accidentelle d’Abdlellah Baha a déclenché une déferlante de commentaires, d’interrogations, de supputations, d’insinuations et de conjectures face à laquelle les proches et les amis du défunt ont perdu leur réserve. Al Akhbar, sur sa Une du 13 décembre, parle de «prémices de zizanie au sein du parti de la lampe à cause du rêve d’une députée». La vague a en effet pris plus d’ampleur après la sortie de la parlementaire Khadija Abladi, qui a parlé d’un songe où elle aurait discuté avec Baha des causes réelles de sa mort. Ce dernier lui aurait dit en rêve que sa mort n’avait pas été causée par le train.
Paranormal activityCette déclaration a nourri davantage le chassé-croisé des déclarations, à tel point, indique Al Akhbar, que Mohamed Yatim, dirigeant au sein du PJD, a fini par réagir en postant des commentaires sur sa page Facebook. Selon lui, la religion ne considère pas les rêves ou les visions comme des preuves irréfutables. «Dans la Sunna, quiconque voit en rêve quelque chose de mal se doit de ne pas en parler. (…) C’est une erreur que de publier les rêves sur les murs pour en faire matière à sensation et pour semer le doute», a ajouté Mohamed Yatim. Il ne fut d'ailleurs pas le seul à dénoncer le comportement de la députée. Mohamed Amehjour a fustigé cette dérive et prié les gens de respecter la mémoire de ce grand homme d’Etat. Les déclarations de la parlementaire ont poussé certains leaders comme Aziz Rebbah à demander aux gens d’arrêter de colporter des ragots portant atteinte au défunt et à sa famille.
Tranches de vie de BahaLoin de tomber dans les commérages et les ragots, Akhbar Al Yaoum a choisi de consacrer sa rubrique "A la loupe" (4 pages) aux traits de personnalité du défunt, à ses prises de positions, à la touche qu’il a apportée à la Constitution de 2011 et ses répliques mémorables. Loin de succomber au prestige de sa charge, Abdellah Baha est toujours resté un homme de principes et d’action, peu loquace. Ministre sans cabinet, sans secrétaire particulier, il n’en était pas moins le «filtre des grandes décisions et des lois», la personne incontournable. Akhbar Al Yaoum est revenu longuement sur plusieurs de ses surprenantes prises de position. Légaliste convaincu, il mérite amplement son surnom de "sage". C’est d’ailleurs l’image que tout Marocain gardera de cet homme, un patriote d'une grande simplicité et d’une abnégation admirable. C’est ainsi qu’il a vécu et c’est ainsi que nous devons nous le remémorer.