Le tribunal de première instance d’Aïn Sebaâ a rendu un verdict sans appel contre Mohamed Boudrika, ancien député du Rassemblement national des indépendants (RNI), et ex-président emblématique du Raja Club Athletic.
Condamné à cinq ans de réclusion et à une lourde amende, l’homme d’affaires et politicien a vu son destin scellé après une procédure judiciaire mouvementée, marquée par des échanges tendus entre l’accusation et la défense.
Arrêté en Allemagne puis extradé vers le Royaume, Boudrika a comparu en état de détention préventive pour une série de chefs d’inculpation, dont «faux et usage de faux», «escroquerie» et «émission de chèques sans provision».
Cette affaire a pris fin après des mois de procédure, clôturant ainsi un chapitre judiciaire épineux, rapporte Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du jeudi 3 juillet.
L’audience a été le théâtre d’une passe d’armes entre le ministère public et l’équipe de défense de Boudrika.
Le parquet a vivement dénoncé la stratégie des avocats, qui ont présenté à la cour des photographies de l’accusé aux côtés du Roi Mohammed VI, du Prince Héritier Moulay El Hassan, ainsi que de nombreuses personnalités internationales, dont le président français Emmanuel Macron.
Le procureur du Roi a qualifié cette manœuvre de «tentative implicite et illégale d’influencer le cours de la justice», insistant sur la nécessité de juger cette affaire «dans un cadre strictement juridique, à l’abri de toute pression symbolique».
Il a fermement condamné ce qu’il a décrit comme une instrumentalisation des «symboles de l’État à des fins personnelles».
Mohamed Boudrika, autrefois considéré comme «l’homme des miracles» pour avoir hissé le Raja vers des sommets inédits –notamment en le qualifiant pour la Coupe du Monde des Clubs en 2013–, a vu son étoile pâlir au fil des scandales.
Issu d’une famille active dans le commerce et la promotion immobilière, il a bâti jeune une fortune dans le secteur de l’immobilier, à Casablanca, avant de conquérir le monde du football et de la politique.
Élu député du RNI puis adjoint au maire de Casablanca, il semblait incarner la réussite.
Pourtant, derrière les feux des projecteurs, une autre réalité se dessinait.
Impliqué dans des affaires de falsification, d’escroquerie et de manipulation financière, il a été condamné à plusieurs reprises, avant ce verdict définitif. Interpellé en juillet 2024 à l’aéroport de Hambourg sur la base d’un mandat d’arrêt international émis via Interpol, Boudrika a désormais échangé les tribunes en liesse dans les stades de football contre les murs de la prison d’Oukacha.
Son histoire, marquée par une ascension fulgurante et une chute tout aussi spectaculaire, illustre le destin tragique d’un homme qui, après avoir tutoyé les sommets, a sombré dans les méandres de la justice.
Entre les chants des stades et les verdicts des tribunaux, entre la gloire sportive et l’opprobre judiciaire, le parcours de Boudrika restera comme une leçon cruelle sur les revers de la fortune.






